La République démocratique du Congo (RDC), détentrice de près de 70% des réserves mondiales de cobalt et dotée d’un sous-sol regorgeant de minerais stratégiques, affiche une ambition sans précédent : devenir un pilier incontournable de la transition énergétique globale. Lors du 18ᵉ Forum de coopération et de développement économique à Paris, le vice-ministre des Mines, Godard Motemona, a tracé les contours d’une stratégie visant à transformer le secteur minier en levier de développement durable.
« Le secteur minier congolais représente 95% des exportations nationales et contribue à hauteur de 25% au PIB », rappelle Motemona. Des chiffres qui illustrent l’urgence de repenser sa gouvernance. Le gouvernement promet désormais un cadastre minier transparent, une certification rigoureuse des minerais, et une lutte accrue contre l’exploitation illégale – un fléau qui grève annuellement l’économie nationale de 750 millions USD selon la Banque mondiale.
La position de la RDC dépasse les simples enjeux économiques locaux. En qualifiant son pays de « solution climatique », le vice-ministre convoque une équation géostratégique : comment concilier extraction minière et neutralité carbone ? Avec 23,8 millions d’hectares de forêt tropicale et un potentiel hydroélectrique estimé à 100 000 MW, la RDC entend monétiser ses atouts écologiques tout en industrialisant sa filière minérale.
Cette ambition se heurte pourtant à des défis structurels. Les conflits armés dans l’Est du pays compromettent la sécurisation des sites, tandis que seulement 12% des minerais extraits subissent une transformation locale. « L’artisanat minier informel représente 83% de la production aurifère, échappant à tout contrôle fiscal », déplore un rapport de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE).
Le plan gouvernemental mise sur des partenariats public-privé équilibrés. Une approche qui suscite autant d’espoirs que de méfiance. Les contrats chinois de la Sicomines, souvent critiqués pour leur asymétrie, servent de repoussoir tandis que le récent accord avec la Zambie pour une chaîne de valeur régionale du cuivre inspire un prudent optimisme.
Sur le front réglementaire, Kinshasa accélère l’adhésion aux normes internationales. La mise en œuvre du Mécanisme Régional de Certification de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) et l’harmonisation des standards avec l’OCDE devraient permettre à 65% des exportations minières d’être certifiées « conflit-free » d’ici 2026.
Reste la question centrale : la RDC parviendra-t-elle à inverser la malédiction des matières premières ? La feuille de route présentée à Paris esquisse un scénario vertueux : doubler la contribution minière au budget de l’État (actuellement à 15%), créer 500 000 emplois formels d’ici 2030, et positionner le pays comme hub africain de la batterie électrique. Un pari audacieux qui nécessitera autant de réformes institutionnelles que de surveillance citoyenne accrue.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net