La province de l’Ituri fait face à une résurgence inquiétante de peste bubonique et pulmonaire. Depuis avril 2025, vingt-quatre cas ont été officiellement recensés dans la zone de santé de Rethy, selon le Dr Gustave Lossa, coordinateur du centre de surveillance de cette maladie en RDC. Quatre aires de santé – Lokpa, Kopa, Kpandroma et Rethy – sont particulièrement touchées dans ce territoire de Djugu, région historiquement exposée à ce fléau.
Un décès évitable qui alerte les autorités
Le drame humain derrière ces chiffres se matérialise par le décès d’une adolescente de 13 ans, emportée en avril faute de soins précoces. Ce cas souligne l’urgence d’une réponse rapide : « Le traitement existe et guérit, mais il doit être administré dans les 24 heures suivant l’apparition des symptômes », insiste le Dr Lossa. Une course contre la montre où chaque minute compte pour sauver des vies.
Rats et puces : les vecteurs invisibles
La transmission de cette maladie séculaire mais toujours redoutable passe par un duo dangereux. Les rats, réservoirs naturels de la bactérie Yersinia pestis, infectent les puces qui à leur tour contaminent l’homme par piqûre. Un mécanisme implacable que le médecin décrypte : « Actuellement, ce sont surtout les puces qui propagent l’infection. Éviter leur prolifération nécessite de maintenir un environnement sain et de stocker correctement les récoltes ».
Double menace : bubonique VS pulmonaire
La peste bubonique se manifeste par des ganglions enflés (bubons), une fièvre brutale et des frissons. Sa version pulmonaire, plus rare mais foudroyante, provoque une toux sanglante et peut tuer en 72 heures sans traitement. Particularité inquiétante : cette forme se transmet par gouttelettes entre humains, nécessitant des précautions extrêmes lors des manipulations de corps contaminés.
Mobilisation humanitaire et défis logistiques
Face à cette crise, les ONG Internationale Maltezer et Medair ont déployé des équipes mobiles. Leur action combine distribution d’antibiotiques (streptomycine, tétracyclines), désinfection des habitats et sensibilisation des communautés. Un défi colossal dans cette zone rurale où l’accès aux centres de santé reste limité. Pourtant, les résultats sont tangibles : « Grâce à ces interventions, la courbe épidémique commence à s’infléchir », tempère le coordinateur médical.
5 gestes vitaux pour se protéger
1. Consulter immédiatement en cas de fièvre soudaine avec ganglions douloureux
2. Éviter tout contact avec des rongeurs morts ou malades
3. Utiliser des répulsifs anti-puces dans les habitations
4. Stocker les récoltes dans des containers métalliques hermétiques
5. Signaler rapidement tout cas suspect aux autorités sanitaires
Alors que la RDC compte parmi les dix pays les plus affectés par la peste selon l’OMS, cette flambée en Ituri rappelle l’importance cruciale des systèmes d’alerte précoce. Un investissement dans la surveillance épidémiologique et l’éducation sanitaire des populations reste la clé pour briser le cycle infernal de cette maladie qui hante l’humanité depuis des millénaires.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
