La province de l’Ituri fait face à une résurgence inquiétante de peste bubonique et pulmonaire. Depuis avril 2025, vingt-quatre cas ont été officiellement enregistrés dans la zone de santé de Rethy, selon les dernières données du centre de surveillance dirigé par le Dr Gustave Lossa. Quatre aires de santé – Lokpa, Kopa, Kpandroma et Rethy – sont déjà touchées par cette maladie qui plonge ses racines dans les défis sanitaires chroniques de la région.
Une maladie ancienne, des risques modernes
Transmise par les puces de rats infectés, la peste se manifeste sous deux formes distinctes. La variante bubonique, reconnaissable aux ganglions enflés et douloureux, évolue parfois vers la forme pulmonaire plus contagieuse. « Un traitement antibiotique précoce permet une guérison complète en 72 heures », précise le Dr Lossa, tout en alertant sur la fenêtre critique : « Passé ce délai, les complications deviennent imprévisibles ».
Le drame de Rethy : une sonnette d’alarme
Le décès d’une adolescente de 13 ans en avril dernier illustre les conséquences des retards de prise en charge. Comme 60% des cas recensés, la jeune victime appartenait à une communauté rurale éloignée des centres de santé. Ce tragique événement souligne l’urgence de renforcer les systèmes d’alerte précoce dans les zones reculées.
Un cocktail explosif : pauvreté et traditions
Les habitudes funéraires traditionnelles constituent un vecteur méconnu de contamination. « Manipuler les dépouilles sans protection équivaut à jouer avec un fusil chargé », met en garde le coordonnateur anti-peste. Cette pratique, combinée à la promiscuité homme-rat dans les habitations précaires, crée un terrain propice aux flambées épidémiques.
L’espoir vient du terrain
Grâce à l’intervention conjuguée de Medair et de l’ONG Internationale Maltezer, des stocks stratégiques d’antibiotiques ont été déployés dans dix-sept centres de santé. Ces organisations appuient parallèlement des campagnes de dératisation ciblant près de 5 000 ménages à risque. « Notre objectif est de briser la chaîne de transmission avant la saison des pluies », explique un responsable sur place.
Protection collective : les gestes qui sauvent
Les autorités sanitaires recommandent trois mesures clés :
- Signalement immédiat de toute fièvre brutale avec ganglions
- Éviction totale des manipulations de cadavres
- Stockage des récoltes dans des contenants hermétiques
Un numéro vert (081 900 9000) a été activé pour orienter les populations à risque.
Alors que la RDC combat simultanément Ebola et la rougeole, cette résurgence de peste rappelle cruellement l’importance des investissements dans les systèmes de santé primaire. Comme le souligne un épidémiologiste local : « Chaque franc investi dans la prévention permet d’économiser cent francs en traitement ». Une équation vitale pour les zones rurales congolaises.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net