Les territoires d’Uvira et de Walungu, au Sud-Kivu, sont le théâtre d’affrontements violents depuis le lundi 5 mai. Des combats intenses opposent les combattants Wazalendo aux rebelles du M23, plongeant les agglomérations de Katogota et Kamanyola dans un climat de terreur. Les positions de l’AFC-M23 ont été la cible d’une attaque surprise lancée par les Wazalendo, selon des sources locales. Les premières frappes, parties de Katogota, ont visé plusieurs avant-postes rebelles, déclenchant une escalade militaire imprévue.
Les collines de Rutebe, Kayange et Luzinzi ont été le cœur d’un duel armé durant huit heures. Des témoins évoquent des tirs nourris, des explosions sporadiques et une paralysie totale des activités. Les habitants, terrés chez eux, ont vu leur quotidien basculer en quelques heures. « Personne n’osait sortir, même pour chercher de l’eau ou de la nourriture », confie un résident contacté par téléphone.
Le bilan humain reste encore flou, mais des pertes sont confirmées dans les deux camps. Des civils ont également été touchés, selon un activiste des droits de l’homme présent dans la plaine de la Ruzizi. « Des familles entières sont prises au piège. Les blessés ne peuvent même pas être évacués vers les centres de santé », dénonce-t-il, sous couvert d’anonymat.
Ce mardi, la tension reste palpable. Les deux factions revendiquent chacune un avantage stratégique, alimentant les incertitudes. Des renforts en hommes et en munitions ont été observés des deux côtés, signalant une possible intensification des hostilités. Les Wazalendo, déterminés à repousser les rebelles, multiplient les déploiements. Le M23, de son côté, consolide ses positions sur les axes clés.
Qui contrôlera demain cette zone hautement stratégique ? La question hante les esprits. La plaine de la Ruzizi, corridor vital vers le Burundi et le Rwanda, cristallise les enjeux géopolitiques régionaux. Les affrontements actuels risquent de déstabiliser davantage une région déjà fragilisée par des décennies de conflits.
Les humanitaires s’alarment : l’accès aux populations civiles est quasi impossible. « Nous redoutons une crise humanitaire majeure si les combats persistent », avertit un responsable d’ONG sous couvert d’anonymat. Les besoins en nourriture, eau potable et soins médicaux augmentent de heure en heure.
Les autorités provinciales, sollicitées pour réagir, restent discrètes. Aucun communiqué officiel n’a été publié depuis le début des hostilités. Cette absence de réaction nourrit les spéculations sur d’éventuels soutiens externes aux belligérants. Le silence de Kinshasa, lui aussi, interroge.
La communauté internationale suivra-t-elle ces événements d’un œil complice ou indifférent ? Les précédents cycles de violence dans le Sud-Kivu appellent à la vigilance. Les leçons du passé semblent pourtant ignorées, alors que les armes parlent à nouveau.
La nuit tombée, les tirs ont diminué d’intensité, mais la trêve reste précaire. Les habitants de Katogota et Kamanyola respirent un peu, sans oser espérer. L’histoire se répète-t-elle ? Pour eux, chaque seconde compte. Et chaque silence entre deux rafales pourrait annoncer le pire.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
