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Négociations à Doha : Le M23 et Kinshasa jouent-ils vraiment la carte de la paix ?

Les pourparlers de Doha entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23 ont repris dans un climat de méfiance réciproque, sous l’égide discrète du Qatar. Deux semaines après la signature d’une déclaration conjointe évoquant une « trêve » et un « cessez-le-feu effectif », les délégations se retrouvent autour d’une table où les sourires de façade peinent à masquer les contentieux historiques. Mais au-delà des déclarations d’intention, quelles sont les véritables marges de manœuvre des acteurs engagés dans ce ballet diplomatique ?

Les discussions préliminaires de dimanche, qualifiées avec prudence de « techniques » par des sources proches du dossier, n’ont abouti à aucune avancée tangible. La rébellion, par la voix de son nouveau chef de délégation Benjamin Bonimpa – figure clé des négociations de 2013 –, exige des « gestes concrets » avant toute progression substantielle. Parmi ces conditions : le retrait des troupes gouvernementales de Walikale, la publication officielle de la déclaration conjointe, ou encore le départ programmé des forces de la SADC de Goma. Autant de revendications qui ressemblent à un test déguisé pour jauger la sincérité de Kinshasa.

Cette méfiance persistante interroge la viabilité du processus. Le M23, souvent décrit comme une « création rwandaise » par les autorités congolaises, joue-t-il réellement la carte du compromis ? Ou ne s’agit-il que d’une tactique dilatoire pour gagner du terrain sur le plan militaire ? La réorganisation de sa délégation, incluant des vétérans des précédentes négociations, pourrait suggérer une volonté de professionnaliser son approche. Mais cette apparente ouverture contraste avec les récentes accusations de Kinshasa dénonçant des « violations répétées du cessez-le-feu » dans l’Est du pays.

En parallèle, le volet rwandais du dossier complique l’équation. Le cadre de discussions séparé piloté par les États-Unis, censé aboutir à un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, accumule les retards. L’échéance du 2 mai pour la soumission d’un avant-projet harmonisé au Département d’État est passée sans résultat concret. Faut-il y voir un manque de volonté politique, ou simplement les complexités techniques d’un dossier miné par trois décennies de tensions ? Les observateurs notent que les désaccords sur le statut des forces du M23 – considérées comme « proxy » de Kigali par Kinshasa – bloquent toute avancée.

Dans ce contexte, la médiation qatarie apparaît comme un pari risqué. Le choix de Doha, acteur influent mais controversé dans les crises africaines, suscite des interrogations. Certains y voient une stratégie de Kinshasa pour diversifier ses alliances face à l’influence traditionnelle des puissances occidentales. D’autres dénoncent un « saupoudrage diplomatique » qui fragmente les efforts de paix. La coexistence de deux processus distincts – l’un avec le M23, l’autre avec le Rwanda – ne risque-t-elle pas de créer des contradictions insurmontables ?

L’enjeu dépasse désormais les simples discussions techniques. Pour le président Tshisekedi, dont la posture ferme contre le Rwanda constitue un pilier de sa politique étrangère, tout compromis perçu comme une concession pourrait affaiblir son capital politique à l’approche des élections. À l’inverse, l’incapacité à stabiliser l’Est du pays mine la crédibilité de son gouvernement sur le plan socio-économique. Le M23, de son côté, joue sur plusieurs tableaux : entre légitimation par les négociations et consolidation de ses positions sur le terrain.

Alors que les délégations préparent leur prochaine session, une question centrale demeure : ces pourparlers marquent-ils l’amorce d’une véritable solution politique, ou ne sont-ils qu’un nouvel épisode dans le cycle sans fin des conflits à l’Est ? La réponse dépendra de la capacité des parties à transformer les déclarations d’intention en actes concrets – un défi où tant de processus de paix ont échoué par le passé.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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