Dans un contexte de recrudescence du choléra à Lubumbashi, le commissaire divisionnaire Dieudonné Odimba a pris les devants pour transformer les camps policiers en remparts contre cette maladie redoutable. Lors d’une parade au camp EST de Kampemba, l’officier a martelé un message clé : « Notre environnement de vie doit devenir notre première ligne de défense ». Une alerte sanitaire qui résonne particulièrement dans une province où les infrastructures collectives restent vulnérables aux épidémies.
Mais comment une maladie comme le choléra peut-elle se propager si rapidement dans une ville comme Lubumbashi ? La réponse se niche souvent dans des détails apparemment banals : une main non lavée après être sorti des toilettes, de l’eau stockée sans protection ou des déchets mal gérés. Le chef policier a comparé cette chaîne de contamination à « un feu de brousse qui consume tout sur son passage dès qu’on baisse la garde ». Un rappel crucial alors que la région enregistre des centaines de cas suspects chaque mois.
L’approche du commissaire Odimba mêle prévention individuelle et responsabilité collective. Aux policiers logés dans les camps, il a demandé de devenir des « sentinelles sanitaires », insistant sur le nettoyage régulier des latrines et la désinfection des points d’eau. Des gestes qui pourraient réduire de 50% les risques de transmission selon les spécialistes en santé publique. « Votre uniforme ne vous protège pas des microbes », a-t-il averti, soulignant l’importance du lavage des mains au savon avant chaque repas.
Cette sensibilisation survient alors que les services sanitaires locaux redoutent une explosion des cas pendant la saison sèche. Paradoxalement, c’est souvent le manque d’eau qui aggrave la situation : les populations puisent alors dans des sources non contrôlées, augmentant les risques de contamination. Le commissaire a donc insisté sur la nécessité de traiter systématiquement l’eau avec des pastilles purifiantes, même lorsque son apparence semble normale.
Mais l’intervention du chef policier ne s’est pas arrêtée aux portes des camps. Fustigeant les « méthodes moyenâgeuses » de certains agents de circulation, il a dénoncé avec véhémence les interpellations violentes qui entachent l’image de la police. « Un citoyen maltraité devient un allié en moins dans notre combat pour la sécurité », a-t-il déclaré, ordonnant des formations accélérées aux techniques d’interpellation respectueuses.
Cette double initiative – sanitaire et comportementale – s’inscrit dans une stratégie plus large de professionnalisation des forces de l’ordre. En rappelant que la protection des biens et des personnes commence par le respect de l’intégrité physique des citoyens, le commissaire Odimba trace une ligne directrice claire. Un message qui pourrait faire des policiers du Haut-Katanga des ambassadeurs involontaires mais efficaces de la santé publique.
Pour les habitants de Lubumbashi, ces annonces constituent à la fois un avertissement et une lueur d’espoir. Les experts soulignent qu’une implication active des institutions dans la prévention pourrait réduire de 30% à 70% l’incidence des maladies hydriques selon l’OMS. Reste maintenant à transformer ces paroles en actes concrets – un défi que le commissaire semble déterminé à relever, une brosse à récurer dans une main et le règlement de procédure dans l’autre.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
