Dans un contexte économique déjà fragilisé par l’inflation et les retards récurrents dans le paiement des salaires, les employés de la société Transports au Congo (TRANSCO) se retrouvent au cœur d’une tempête financière. Trois mois se sont écoulés depuis le début de l’année 2025 sans qu’ils ne perçoivent leur dû, une situation qualifiée d’« inacceptable » par l’intersyndicale de la santé en RDC. Avec des salaires plafonnés à 2 500 francs congolais par jour, bien en deçà du premier palier du SMIG fixé à 15 000 FC, ces travailleurs symbolisent une crise systémique qui interroge les priorités gouvernementales.
Comment expliquer un tel écart entre les engagements étatiques et la réalité des comptes en banque ? Bijoux Mwange, présidente de la délégation syndicale de TRANSCO, dévoile des chiffres glaçants : « Nous devrions recevoir 31 milliards de francs congolais par trimestre. À ce jour, rien n’a été versé ». Cette enveloppe, destinée à couvrir les salaires des chauffeurs, contrôleurs et administratifs, semble avoir disparu dans les méandres bureaucratiques, laissant des milliers de familles dans l’incertitude.
Le secteur des transports, souvent présenté comme le « poumon logistique » de la RDC, montre ici ses failles. Les conducteurs de TRANSCO, chargés de relier les provinces et d’assurer la circulation des biens, survivent avec moins de 75 000 FC par mois. Une somme dérisoire face à l’explosion des prix des denrées de base, comme le manioc ou l’huile de palme, dont les coûts ont grimpé de 22% depuis janvier 2025 selon les données de la Banque centrale. Quel impact sur la productivité nationale lorsque ceux qui maintiennent l’économie en mouvement peinent à se nourrir ?
Les conséquences socio-économiques s’annoncent lourdes. Privés de revenus, nombreux sont les employés à avoir recours au crédit informel, avec des taux d’intérêt atteignant 15% mensuels. Une spirale d’endettement qui menace la stabilité de pans entiers de la population active. L’intersyndicale alerte également sur les risques de « grèves en cascade » susceptibles de paralyser les axes routiers stratégiques, à l’approche de la saison des récoltes.
Derrière ces chiffres se cache un paradoxe congolais : comment un pays riche en ressources minières et agricoles peut-il laisser ses travailleurs dans une telle précarité ? Certains économistes pointent du doigt l’opacité dans la gestion des fonds publics, tandis que d’autres évoquent une mauvaise allocation budgétaire. Le gouvernement, pour sa part, promet une résolution « rapide » du conflit, sans fournir de calendrier précis.
À l’heure où la RDC cherche à attirer des investisseurs étrangers, cette crise salariale jette une ombre sur sa crédibilité. Les employés de TRANSCO, entre colère et résignation, attendent plus que des promesses : des actes concrets pour sortir de l’impasse. Sans réponse immédiate, c’est toute la chaîne du transport national qui risque de s’enrayer, avec des répercussions potentielles sur les exportations de cuivre et de cobalt, piliers de l’économie congolaise.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net