Alors que l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) reste englué dans une crise sécuritaire chronique, une succession d’initiatives diplomatiques tente de dessiner les contours d’une paix fragile. La dernière en date ? La signature, sous médiation américaine, d’une « déclaration de principes » entre Kinshasa et Kigali. Un geste symbolique orchestré à Washington en présence du secrétaire d’État Marco Rubio, avec la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner et son homologue rwandais Olivier Nduhungirehe. Objectif affiché : promouvoir la « stabilisation économique et sécuritaire » dans la région des Grands Lacs. Mais derrière les poignées de main protocolaires, les défis persistent.
Qatar, médiateur inattendu entre Kinshasa et le M23
Dans l’ombre des grandes puissances, un nouvel acteur émerge : le Qatar. Après avoir réuni les présidents congolais et rwandais pour un cessez-le-feu, Doha accueille désormais des délégations du gouvernement et de l’AFC/M23. Les pourparlers, encore confidentiels, viseraient à « œuvrer à la conclusion d’une trêve », selon une déclaration conjointe lue sur la RTNC. Une médiation surprenante, qui interroge sur les motivations géopolitiques de l’émirat dans cette crise régionale.
Nairobi et Luanda : deux processus, une impasse ?
Le Processus de Nairobi, lancé en 2022 sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est, promettait une double approche : dialogue politique et force militaire régionale (EACRF). Résultat ? Des discussions inclusives bloquées par les méfiances réciproques, et une EACRF critiquée pour son inaction face au M23. Plus ambitieux, le Processus de Luanda exige le retrait immédiat des rebelles des zones occupées et la fin des soutiens externes. Des exigences restées lettre morte, malgré les annonces répétées de cessez-le-feu.
L’Église congolaise en première ligne
Face aux échecs des diplomaties étatiques, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) portent un « Pacte social pour la paix ». Leur arme ? Un dialogue régional incluant acteurs politiques, société civile… et même Corneille Nangaa, coordinateur du M23. Les religieux plaident pour l’ouverture de couloirs humanitaires et un cessez-le-feu immédiat. Mais comment imposer cette voix pacifique dans un paysage dominé par les kalachnikovs ?
Des questions qui dérangent
Pourquoi autant d’initiatives concurrentes ? Quel rôle jouent réellement les médiateurs externes ? La multiplication des processus ne risque-t-elle pas de noyer l’urgence humanitaire dans des débats techniques ? Avec plus de 120 groupes armés recensés à l’Est, la solution passera-t-elle par des accords papier ou un désarmement concret ?
En attendant, le bilan est sombre. Malgré les sommets internationaux, les combats entre FARDC et M23 reprennent sporadiquement au Nord-Kivu. Les déplacés, eux, se comptent par milliers chaque mois. La communauté internationale salue les avancées diplomatiques… mais sur le terrain, la population congolaise attend toujours la paix.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
