Une hécatombe silencieuse frappe les élevages de caprins dans le territoire de Faradje, au cœur de la province du Haut-Uele. Plus de 700 chèvres ont succombé en quelques semaines à la peste des petits ruminants (PPR), une maladie virale comparée par les experts à une « tornade sanitaire » pour son pouvoir dévastateur sur les troupeaux. Comment cette épidémie menace-t-elle la sécurité alimentaire et économique de toute une région ?
Le Dr Lomonobo Buya Dieudonné, responsable local de la Pêche et de l’Élevage, décrypte le mécanisme implacable de ce morbillivirus : « C’est comme si un incendie se propageait dans une forêt sèche. Le virus attaque d’abord les défenses immunitaires avant de déclencher une tempête de symptômes : fièvre fulgurante, prostration totale, puis ces écoulements nasaux caractéristiques qui annoncent souvent le dénouement fatal en 5 à 10 jours. »
Avec un taux de contamination pouvant atteindre 90% des animaux exposés, la PPR représente un véritable tsunami pour les éleveurs. « Imaginez un village où 9 familles sur 10 perdraient leur unique source de revenus », illustre le Dr Lomonobo. Bien que non transmissible à l’homme, le virus anéantit en quelques semaines des années d’efforts d’élevage familial.
Face à cette urgence zootechnique, les autorités locales activent un dispositif de crise. « Nous avons déployé des équipes mobiles pour vacciner en urgence les troupeaux encore sains », explique le responsable provincial. Un véritable marathon contre la montre, alors que chaque heure perdue signifie des centaines de bêtes supplémentaires en danger.
La clé du succès ? Une alliance cruciale entre éleveurs et vétérinaires. « Isoler les bêtes contaminées revient à construire une digue contre la marée virale », insiste le Dr Lomonobo. Les services vétérinaires intensifient parallèlement les campagnes de sensibilisation, enseignant les gestes-barrières pour le bétail : désinfection systématique des enclos, quarantaine stricte des nouveaux animaux, signalement immédiat des premiers symptômes.
Derrière ces chiffres alarmants se cache une bombe à retardement socio-économique. Les caprins constituent souvent l’unique capital des familles rurales – une épargne sur pattes qui finance les frais scolaires ou les soins médicaux. La perte d’un troupeau équivaut ici à un effondrement financier personnel.
Les spécialistes rappellent pourtant une lueur d’espoir : « Contrairement à Ebola ou Covid-19, nous disposons d’un vaccin efficace à 100% contre la PPR », souligne le responsable sanitaire. La véritable bataille se joue donc sur le terrain logistique et préventif. L’OMS animale (OIE) estime d’ailleurs que l’éradication mondiale de cette peste est possible d’ici 2030, à condition d’une mobilisation coordonnée.
En cette période critique, les éleveurs sont appelés à redoubler de vigilance. Trois réflexes vitaux : exiger un certificat sanitaire pour tout nouvel animal introduit, respecter scrupuleusement le calendrier vaccinal, et éviter tout mouvement de bétail vers les zones contaminées. « C’est notre bouclier collectif contre ce fléau », conclut le Dr Lomonobo, alors que la province du Haut-Uele tente d’éviter un scénario catastrophe.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net