La tension ne retombe pas dans le groupement Walowa Loanda, territoire de Walikale. Cinq villages de cette zone reculée du Nord-Kivu sont aujourd’hui des coquilles vides. Leur population a fui en masse depuis une semaine, prise en étau entre deux factions rivales du groupe armé Kifuwa-Fuwa. Comment une simple altercation a-t-elle pu dégénérer en crise humanitaire ?
Tout commence le 24 avril dans la localité Bana Mungera. Une dispute éclate entre les combattants de Shukuru, chef d’une branche dissidente, et ceux de Sango Muhima, alias Makucha-Makucha. L’enjeu ? Le contrôle stratégique du village Kando, carrefour économique convoité. En moins de 72 heures, les affrontements s’étendent comme une traînée de poudre aux localités voisines.
Malembe, Bishata, Mindjendje et Bagira basculent à leur tour dans la violence. Des témoins évoquent des scènes de pillage systématique. Plus de trente habitations réduites en cendres. Des notables retenus en otage dans des conditions inhumaines. « Ils exigent des rançons en échange de leur libération », confie une source sous couvert d’anonymat.
Le conflit armé prend une dimension ethnique alarmante. Les communautés Tembo et Nyanga, pourtant habituées à cohabiter, subissent les contrecoups de cette rivalité meurtrière. Des représailles ciblées sont signalées dans les hameaux environnants. La défiance s’installe, menaçant le fragile équilibre social de la région.
Les autorités locales tentent de réagir. Le chef de secteur des Wanyanga a lancé un appel au calme aux belligérants, qualifiés de « Wazalendo » dans un communiqué. Mais sur le terrain, ses mots semblent se heurter au vacarme des armes. Les rares familles revenues chercher des effets personnels repartent aussitôt, craignant de nouvelles attaques.
Le bilan humain reste imprécis en raison de l’insécurité persistante. Aucune organisation humanitaire n’a pu accéder à la zone pour évaluer les besoins urgents. Combien de déplacés errent actuellement dans la forêt équatoriale ? Quelles solutions pour éviter l’enlisement de cette crise ? Les questions s’accumulent face au silence des acteurs régionaux.
Cette flambée de violence rappelle cruellement la vulnérabilité chronique du Nord-Kivu. Malgré les opérations militaires successives, les groupes armés continuent de fragmenter leur commandement pour mieux régner. Walikale, territoire riche en minerais, reste un épicentre de ces rivalités prédateures. Jusqu’à quand ?
Les derniers rapports indiquent que les combats se sont déplacés vers le sud du groupement. Une stratégie d’évitement ou une préparation à de nouvelles offensives ? Les habitants, eux, n’ont qu’une certitude : retourner chez eux équivaudrait à jouer à la roulette russe. L’urgence, désormais, est d’empêcher que cette crise locale ne s’étende à l’ensemble du secteur des Wanyanga.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net