23.2 C
Kinshasa
samedi, mai 3, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSecuritéEst de la RDC : Les journalistes pris pour cible dans l'enfer...

Est de la RDC : Les journalistes pris pour cible dans l’enfer sécuritaire du M23

Alors que la communauté internationale commémore la 32e Journée mondiale de la liberté de la presse, l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) reste plongé dans une crise où journalistes et médias paient un lourd tribut. Depuis la prise de Goma en janvier 2025, suivie de la chute de Bukavu par les rebelles du M23 soutenus par Kigali, les atteintes à la liberté de l’information ont atteint un seuil critique. Menaces, enlèvements, fermetures de médias : le paysage médiatique se réduit au silence sous le joug des milices.

Plus de cinquante journalistes ont fui les zones contrôlées par l’Alliance AFC-M23, selon l’ONG Journaliste en danger (JED). Les provinces du Nord et Sud-Kivu concentrent le plus grand nombre d’attaques ciblées cette année. Des radios ont été pillées, des rédactions contraintes à l’autocensure. Pire : des reporters sont enrôlés de force dans des camps rebelles pour y subir un endoctrinement idéologique et un entraînement militaire. « Ces pratiques signent la mort du journalisme indépendant », dénonce JED.

À Bukavu, une réunion organisée par le M23 le 23 février 2025 a officialisé la mise sous tutelle des médias. Une soixantaine de responsables de presse ont reçu des directives strictes : black-out sur les informations gouvernementales, interdiction de relayer toute critique contre la rébellion. Les contrevenants risquent la disparition ou la séquestration. Comment informer dans un climat de terreur institutionnalisée ?

Les conséquences humanitaires aggravées par ce bâillon médiatique sont palpables. Les exactions commises dans les zones occupées – déplacements massifs, crimes contre les civils – échappent au regard du monde. Les rares témoignages filtrant des territoires contrôlés par le M23 évoquent une propagande guerrière imposée aux rédactions survivantes. Les journalistes restés sur place décrivent des pressions quotidiennes pour « formater » l’information aux slogans rebelles.

JED alerte sur la violation systématique du droit international. « L’enrôlement forcé de journalistes, la censure et les menaces physiques constituent des crimes imprescriptibles », insiste l’organisation. Un appel urgent est lancé aux médiateurs américains des pourparlers entre la RDC et le Rwanda : intégrer la protection des médias dans l’agenda des négociations de paix. Car sans presse libre, comment documenter les violations ou accompagner la réconciliation ?

Le bilan chiffré donne froid dans le dos : des milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés, et une cinquantaine de médias réduits au silence. Derrière ces statistiques, des voix étouffées, des vérités enterrées. Alors que Washington pousse à un cessez-le-feu, la question reste entière : une paix durable peut-elle émerger sans garantir d’abord la sécurité de ceux qui enregistrent les fractures de la guerre ?

La communauté internationale est sommée de sortir de son silence. Les Nations unies, régulièrement informées des exactions contre la presse, n’ont pour l’heure sanctionné aucun commandant rebelle. Pendant ce temps, à Goma et Bukavu, les derniers journalistes libres travaillent clandestinement, au péril de leur vie. Leur crime ? Refuser de transformer leur micro en mégaphone de la milice.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

Commenter
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


A la une Actualité RDC

Derniers Appels D'offres