À Beni, chaque goutte de pluie résonne comme une sentence. Les quartiers riverains de Kasabinyole et Mabakanga vivent au rythme angoissant des caprices de la rivière Munyabelu. Une simple averse transforme ce cours d’eau en monstre dévorant, arrachant maisons et espoirs sur son passage. Comment une ville entière peut-elle basculer dans l’urgence climatique au moindre crachin ?
Une bombe à retardement hydrique
Le drame se joue à 25 mètres près. Cette distance réglementaire entre les habitations et les berges, massivement ignorée, scelle le destin de centaines de familles. « Nos enfants dorment avec la peur au ventre », confie Nicolas Mbavugha, riverain de Kasabinyole. Les chiffres glacent le sang : 80% des constructions dans ces zones critiques violent les normes urbanistiques élémentaires.
La rivière étouffe sous les déchets
La Munyabelu, artère vitale transformée en dépotoir à ciel ouvert, se rebelle. Plastiques, détritus ménagers et gravats obstruent son lit naturel. Résultat ? Un étranglement progressif qui transforme le moindre orage en déluge punitif. Jean-Paul Kapitula, coordonnateur de la protection civile, alerte : « Nous jouons aux apprentis sorciers avec les lois de la nature ».
Urgence multiforme
- Défrichement sauvage des bassins versants
- Urbanisation chaotique approuvée par des permis douteux
- Système d’alerte précoce inexistant
Les conséquences frappent en cascade : pertes matérielles estimées à 500 000 USD annuels, risques sanitaires exponentiels, exode climatique précoce. La boucle infernale s’accélère – plus les rivières débordent, plus les populations appauvries empiètent sur les zones à risque.
Les solutions existent, où est la volonté politique ?
Le plan de sauvegarde urgent réclame :
- Démolition contrôlée des constructions illégales
- Campagne massive de sensibilisation écologique
- Création de bassins de rétention naturels
Mais l’inaction des autorités locales creuse le fossé de la confiance. Pendant ce temps, les eaux montent. Les habitants de Beni, entre résilience et résignation, attendent le prochain déluge. La nature patiente-t-elle éternellement ? L’heure n’est plus aux alertes, mais à l’action concrète. Avant que la ville ne devienne un mémorial flottant de l’impéritie collective.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net