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Catastrophe Éducative à Bukama : 12 Salles de Classe Détruites, une Génération Sacrifiée Sous les Décombres ?

Dans la cité de Bukama, au cœur du Haut-Lomami, l’éducation traverse une tempête bien plus violente que les pluies diluviennes de septembre. Deux instituts scolaires, piliers de la formation des jeunes, se retrouvent réduits à des squelettes de béton après les intempéries. Comment poursuivre une scolarité normale quand le toit des salles de classe devient la voûte céleste ?

Augustin Mongu, coordonnateur de la société civile locale, dresse un constat accablant : « Six salles de classe perdues à l’Institut Mafinge, six autres à Lusanga 1. Nos élèves et enseignants sont condamnés à braver le soleil ou à chercher l’ombre aléatoire des arbustes ». Ces mots, prononcés d’une voix nouée par l’urgence, révèlent une réalité qui dépasse la simple anecdote climatique.

Les chiffres officiels manquent, mais l’ampleur des dégâts saute aux yeux. Ces instituts formaient des centaines de jeunes dans des filières vitales pour le développement local : agriculture, pédagogie, commerce et même informatique. Aujourd’hui, les tableaux noirs se fondent dans le paysage dévasté, les bancs d’école disparaissent sous les décombres. Quelle alternative reste-t-il à ces étudiants dont l’avenir s’écrit désormais à même la terre battue ?

« Nous avons interpellé toutes les instances compétentes », insiste M. Mongu, la voix chargée d’une colère contenue. Son appel résonne comme un cri dans le désert : gouvernement provincial, organisations humanitaires, partenaires internationaux… Tous semblent sourds à la détresse de cette jeunesse abandonnée. Pendant ce temps, les cahiers s’envolent au gré du vent, les cours se transforment en lutte contre les éléments.

Cette catastrophe met en lumière une vulnérabilité systémique. Comment expliquer qu’une simple intempérie – aussi violente soit-elle – puisse anéantir l’outil éducatif d’une région entière ? La question des constructions scolaires inadaptées revient comme un leitmotiv. « Ces bâtiments dataient de l’époque coloniale », confie un enseignant sous couvert d’anonymat. Un aveu qui en dit long sur les carences accumulées.

Les conséquences dépassent le cadre matériel. Psychologiquement, élèves et professeurs vivent un trauma. « À chaque nuage, les enfants sursautent », raconte une institutrice. Le risque de décrochage scolaire plane comme une épée de Damoclès, tandis que les examens de fin d’année approchent à grands pas.

La société civile locale tente d’organiser la résilience. Des regroupements improvisés sous des hangars, des horaires aménagés… Mais ces solutions de fortune suffiront-elles à préserver l’année scolaire ? Rien n’est moins sûr. D’autant que la saison des pluies ne fait que commencer.

Cette crise pose une question cruciale : l’éducation reste-t-elle une priorité dans les zones reculées de la RDC ? Le cas de Bukama illustre le cercle vicieux qui lie précarité éducative et sous-développement. Sans formation de qualité, comment espérer former les agriculteurs, enseignants et entrepreneurs de demain ?

Alors que Kinshasa affiche des ambitions de réforme éducative, des milliers de jeunes Congolais continuent d’apprendre dans des conditions indignes. Bukama n’est malheureusement pas un cas isolé. Elle symbolise ces « angles morts » du système où chaque catastrophe naturelle devient un cataclysme éducatif.

La balle est désormais dans le camp des autorités. Entre promesses et réalités, il y a parfois tout un monde – ou dans ce cas précis, douze salles de classe à reconstruire d’urgence. L’avenir de toute une génération se joue aujourd’hui sous les arbres de Bukama.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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