Dans le village de Kaponda, province du Lualaba, un vent de colère souffle sur les terres convoitées par l’industrie minière. Seize personnes, dont des femmes, ont été arrêtées après des manifestations contre la décision de Kamoa Copper S.A. d’annuler des indemnisations promises. « Ils ont pris nos terres, maintenant ils nous privent de justice », dénonce un habitant, sous couvert d’anonymat par crainte de représailles.
Un bras de fer entre géant minier et communautés oubliées
Selon les organisations de la société civile, tout a basculé le 21 avril dernier. Des centaines de villageois ont barricadé la route menant aux installations de Kamoa Copper, brandissant des pancartes et scandant leur désarroi. En septembre 2024, l’entreprise avait pourtant identifié habitations et cultures à délocaliser, promettant compensations et relogement. Mais face à l’afflux « pléthorique » de bénéficiaires selon ses dires, la société a brutalement suspendu le processus.
Indemnisation annulée, droits bafoués ?
« Comment expliquer ce revirement soudain ? », interroge un rapport de la plateforme des OSC. Les jetons distribués aux familles concernées – symboles de reconnaissance de leurs droits – n’auraient-ils servi qu’à apaiser temporairement les tensions ? Pour les villageois, cette volte-face équivaut à une trahison. « Nous ne sommes pas des chiffres, mais des vies dépendant de ces terres », insiste une mère de famille rencontrée à Kaponda.
Silence radio et répression
La réponse des autorités ? Une vague d’arrestations ciblées selon les défenseurs des droits. « Ces détentions arbitraires visent à museler toute contestation », accuse le coordonnateur national des OSC du secteur des ressources naturelles. Malgré les appels au dialogue lancés au gouvernement provincial du Lualaba et à Kamoa Copper, l’entreprise reste muette. Une stratégie du silence qui inquiète : jusqu’où iront les populations spoliées pour se faire entendre ?
Le piège de l’extractivisme
Ce conflit cristallise un malaise plus profond. Alors que la RDC mise sur l’exploitation minière pour son développement, à quel prix se fait cette croissance ? Entre promesses non tenues, pressions sur les communautés et opacité des négociations, le cas de Kaponda pose une question cruciale : l’or du sous-sol congolais doit-il nourrir des actionnaires étrangers ou d’abord ceux qui vivent sur ces terres depuis des générations ?
Les organisations locales réclament urgemment une médiation indépendante. Mais dans cette partie d’échecs où multinationales et pouvoir semblent liés, qui protégera réellement les droits des oubliés du progrès minier ? La réponse à cette question déterminera non seulement l’avenir de Kaponda, mais celui de toutes les communautés riveraines des projets extractifs en RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net