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Éducation en RDC : Raïssa Malu veut faire de l’école ‘le berceau de la résilience nationale’ – Mais à quel prix ?

Alors que la République Démocratique du Congo célébrait ce 30 avril la Journée nationale de l’enseignement, une question persiste : comment transformer les promesses en réalité tangible pour des millions d’élèves ? La ministre Raïssa Malu a choisi ce symbole fort pour rappeler la centralité de l’école dans le projet national. « Le berceau de notre résilience collective », selon ses termes, doit-il devenir le laboratoire de la nouvelle citoyennitée congolaise ?

Devant une assemblée de responsables éducatifs, la ministre a dressé un bilan contrasté. La gratuité de l’enseignement primaire, mesure phare du quinquennat, aurait permis selon elle une « inclusion scolaire historique ». Les chiffres avancés – 400 écoles construites, 3 000 salles de classe en projet – dessinent les contours d’une ambition gouvernementale. Mais qu’en perçoivent les principaux concernés ?

« Entre les discours et le terrain, il y a parfois un abîme », confie sous couvert d’anonymat un directeur d’école de Kinshasa. « Mes enseignants travaillent avec trois mois de salaire en retard. Les parents paient toujours des frais cachés malgré la gratuité. » Ce témoignage pointe du doigt les contradictions d’un système en mutation.

La formation des enseignants émerge comme l’autre grand chantier. Avec seulement 45% du corps professoral disposant d’une qualification reconnue en 2022 selon les données du ministère, le défi qualitatif reste entier. L’intégration du numérique, évoquée comme priorité, bute sur l’absence d’infrastructures dans 70% des établissements ruraux.

« Former pour bâtir », le thème de cette journée, prend ici toute sa dimension. Les réformes des examens nationaux et l’instauration de normes pédagogiques uniformes visent à créer un socle commun. Mais comment appliquer ces standards dans une école de l’Ituri où quatre niveaux partagent la même salle ?

Le gouvernement mise sur un renforcement budgétaire progressif, passant de 12% à 20% du budget national alloué à l’éducation d’ici 2025. Un engagement salué par l’UNESCO, mais qui nécessitera une gestion rigoureuse. La lutte contre la corruption dans les frais scolaires et la distribution des manuels restent des tests cruciaux pour crédibiliser cette transition.

À l’heure où la RDC affiche un taux de scolarisation en hausse (78% en primaire), les défis se déplacent vers le secondaire et la formation professionnelle. Seulement 34% des adolescents accèdent au cycle supérieur, selon les dernières statistiques. La ministre promet « une révolution de l’enseignement technique », mais les premiers centres pilotes ne verront le jour qu’en 2025.

Cette journée aura au moins permis de remettre l’éducation au cœur du débat public. Entre les avancées quantitatives et les lacunes qualitatives, le chemin vers « l’école résiliente » semble encore long. La véritable transformation passera par une alchimie complexe : moyens financiers, gouvernance assainie, et surtout, reconnaissance concrète du métier d’enseignant. Le prochain test ? La rentrée scolaire de septembre, où se jouera en partie la crédibilité des engagements annoncés.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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