Une rencontre stratégique entre les hauts responsables militaires congolais et ougandais a marqué un nouveau chapitre dans la lutte contre les groupes armés de l’Est de la RDC. Selon des sources sécuritaires proches du dossier, les généraux des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de l’Uganda People’s Defence Force (UPDF) se sont réunis mardi à Entebbe, en Ouganda, pour évaluer les opérations conjointes USHUJAA. Objectif affiché : intensifier la traque contre les rebelles des Allied Democratic Forces (ADF), responsables de multiples atrocités dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Le général ougandais Muhoozi Kainerugaba, chef des UPDF, a dirigé les discussions aux côtés des généraux congolais Abdallah Nyembo et Bruno Mandevu. Les échanges, qualifiés de « francs et directs » par un officier présent, ont porté sur la relance des opérations militaires combinées dans les zones critiques du Ruwenzori, de Beni, Lubero, ainsi que dans les territoires d’Irumu-Mambasa. La nécessité d’une coordination renforcée face à la mobilité des ADF a été soulignée, alors que ces derniers continuent de semer la terreur parmi les civils.
Lancée en novembre 2021, l’opération USHUJAA a déjà permis des avancées notables. Plusieurs bastions des ADF ont été démantelés, notamment à Zunguluka, Boga et Tchabi. Les routes stratégiques, comme l’axe Kainama-Beni, ont été partiellement sécurisées, réduisant les attaques contre les convois humanitaires. Mais les défis persistent : les replis tactiques des rebelles dans les zones forestières denses compliquent les opérations de ratissage.
Cette réunion survient dans un contexte de renforcement militaire ougandais en Ituri. Des troupes supplémentaires et du matériel lourd ont été déployés ces dernières semaines dans les territoires de Djugu et Mahagi. Une décision qui interroge : s’agit-il d’une simple logistique d’appui ou d’un prélude à une extension des opérations conjointes ? Les sources restent prudentes, évoquant une « adaptation aux dynamiques sécuritaires changeantes ».
Les questions de souveraineté et de coordination sur le terrain demeurent sensibles. Si les résultats des opérations USHUJAA sont salués, des voix locales dénoncent parfois des exactions attribuées aux forces ougandaises. Les FARDC insistent sur le respect des protocoles établis pour éviter les dérives. La population, elle, exige des résultats tangibles : combien de temps faudra-t-il encore pour neutraliser définitivement la menace ADF ?
En attendant, les deux armées affichent une unité de façade. Des patrouilles coordonnées ont été annoncées dans le Grand Nord-Kivu, tandis que des drones de surveillance seraient déployés pour cartographier les mouvements rebelles. Le bilan humain des récentes opérations n’a pas été communiqué, mais les autorités promettent une « communication transparente dans les prochains jours ».
Cette collaboration militaire inédite entre la RDC et l’Ouganda reste sous haute surveillance. Alors que Kinshasa et Kampala affirment vouloir tourner la page des tensions historiques, l’efficacité réelle de ce partenariat se jouera sur le terrain. Les prochaines semaines seront déterminantes pour mesurer l’impact de cette redynamisation annoncée des opérations USHUJAA.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
