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RDC : Le Qatar en Médiateur Inattendu dans l’Est – Vers une Paix Importée ou une Solution Durable ?

Dans un contexte de tensions persistantes dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), le Qatar émerge une fois de plus comme un acteur diplomatique clé. Le 30 avril 2025, le ministère qatari des Affaires étrangères a publié une déclaration conjointe réaffirmant son engagement en faveur de la stabilité dans cette région meurtrie. Cette annonce intervient après une réunion trilatérale tenue à Doha le 18 mars 2025, réunissant les présidents de la RDC, du Rwanda et du Qatar, dans le cadre des efforts continus pour apaiser les rivalités historiques dans la région des Grands Lacs.

Mais comment interpréter cette implication croissante du Qatar, pays du Golfe souvent perçu comme éloigné des crises africaines ? Pour les observateurs, cette médiation s’inscrit dans une stratégie plus large de soft power, où Doha cherche à consolider son rôle de facilitateur sur des dossiers internationaux épineux. Les représentants de la RDC, du Rwanda, du Togo, des États-Unis, de la France et de l’Union africaine présents à Doha ont salué les avancées issues du sommet EAC-SADC de février 2025 à Dar es Salaam, ainsi que la Déclaration de principes signée à Washington D.C. le 25 avril dernier.

Le cœur des discussions a porté sur la situation humanitaire critique dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où les affrontements entre les forces gouvernementales et l’Alliance Fleuve Congo/M23 (AFC/M23) ont déplacé plus de 600 000 civils depuis janvier 2024. Les participants ont unanimement reconnu l’urgence d’une réponse coordonnée, combinant cessez-le-feu immédiat et aide d’urgence. « Aucune paix durable ne peut s’enraciner dans la famine et le désespoir », a souligné un diplomate africain sous couvert d’anonymat.

La médiation régionale, pilotée par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la SADC sous l’égide du président togolais Faure Gnassingbé, semble avoir trouvé à Doha un relais inattendu. Le Qatar a promis un soutien logistique et financier aux mécanismes de vérification du cessez-le-feu, tout en offrant ses bons offices pour des négociations directes entre Kinshasa et les groupes armés. Reste à savoir si cette dynamique survivra aux réalités du terrain, où les milices locales et les intérêts économiques transfrontaliers compliquent toute résolution durable.

Les analystes soulignent cependant les écueils potentiels. La Déclaration de Washington, signée une semaine avant le sommet de Doha, prévoyait déjà le déploiement d’une force régionale sous mandat de l’Union africaine. Mais sur le terrain, la méfiance persiste entre Kigali et Kinshasa, accusés mutuellement de soutenir des groupes rebelles. Le Qatar parviendra-t-il à imposer sa neutralité perçue dans un conflit où même les puissances occidentales peinent à trouver leur place ?

Pour l’heure, les parties semblent donner une chance au dialogue. La création d’une commission mixte RDC-Rwanda sous supervision qataro-togolaise marque un progrès symbolique. Mais comme le rappelle un expert des Grands Lacs contacté par nos rédactions : « Les déclarations de paix à Doha ne stopperont pas les kalachnikovs à Goma sans un désarmement concret et une réforme profonde des structures sécuritaires congolaises. » Alors que le Qatar promet de nouveaux fonds pour la reconstruction post-conflit, les populations de l’Est retiennent leur souffle, entre espoir prudent et lassitude face aux cycles répétés de violences.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: linterview.cd

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