Dans un contexte géopolitique régional particulièrement volatile, la visite du Conseiller principal pour l’Afrique du Président américain Donald Trump, Massad Boulos, à Kinshasa ce jeudi 3 avril 2025, n’est pas passée inaperçue. Accompagné d’une délégation de haut niveau comprenant Mme Corina Sanders, Secrétaire d’État adjointe pour les affaires africaines, et Monsieur Dan Dunham, Directeur du Conseil National de Sécurité pour l’Afrique, cette rencontre avec le Président Félix Tshisekedi s’inscrit dans une dynamique de réaffirmation des intérêts stratégiques américains en République Démocratique du Congo.
Les échanges, selon les sources présidentielles congolaises, ont principalement porté sur deux axes majeurs : la situation sécuritaire dans l’Est du pays et les perspectives économiques entre les deux nations. La déclaration de M. Boulos, faite en français, ne manque pas de souligner l’importance accordée par Washington à ce dialogue : « Nous avons convenu d’une voie à suivre pour l’élaboration d’un accord sur les minéraux », a-t-il affirmé, laissant entrevoir des investissements américains massifs dans le secteur minier congolais, estimés à plusieurs milliards de dollars.
Cette annonce intervient à un moment où la RDC cherche à diversifier ses partenariats économiques tout en faisant face à une instabilité persistante dans ses provinces orientales. Le Conseiller américain n’a pas manqué de faire le lien entre prospérité économique et sécurité, déclarant : « Il ne peut y avoir de prospérité économique sans sécurité ». Une position qui semble alignée avec les préoccupations congolaises, mais qui soulève également des questions sur les modalités concrètes de l’implication américaine dans la résolution du conflit.
Sur le front sécuritaire, les déclarations de M. Boulos résonnent avec les récentes évolutions diplomatiques régionales. Le sommet conjoint des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a récemment adopté une feuille de route pour la résolution du conflit dans l’Est de la RDC. Cette initiative, couplée à l’élargissement de l’équipe de facilitation du processus de paix, témoigne d’une volonté régionale de trouver une solution durable à cette crise.
La nouvelle composition de cette équipe, intégrant désormais cinq membres dont deux femmes, répond partiellement aux demandes de Kinshasa. Avec des personnalités comme Uhuru Kenyatta (Kenya) et Kgalema Motlanthe (Afrique du Sud), cette structure élargie aura pour mission de coordonner les efforts diplomatiques et sécuritaires en vue d’un cessez-le-feu durable. Une tâche ardue alors que les tensions entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir la rébellion du M23, persistent.
Dans ce contexte, la visite de la délégation américaine prend une dimension particulière. Si les déclarations officielles mettent l’accent sur les opportunités économiques et la coopération sécuritaire, certains observateurs s’interrogent sur les implications réelles de ce rapprochement. Les États-Unis cherchent-ils simplement à sécuriser leur accès aux ressources minérales stratégiques de la RDC, ou entendent-ils jouer un rôle plus actif dans la stabilisation de la région ?
La réponse à cette question pourrait bien déterminer l’évolution des relations entre Washington et Kinshasa dans les mois à venir. Pour le Président Tshisekedi, l’enjeu est de taille : concilier les impératifs de sécurité nationale avec les nécessités du développement économique, tout en maintenant un équilibre diplomatique délicat entre les différents acteurs régionaux et internationaux impliqués dans cette crise complexe.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
