À l’occasion de l’ouverture du 31ème Forum ‘Investing in African Mining Indaba’ à Cape Town, Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), a tiré la sonnette d’alarme ce lundi 3 février. Lors de son intervention par visioconférence, elle a dénoncé l’exploitation illégale des ressources minières de son pays, tout en levant le voile sur un paradoxe tragique: la RDC, richement dotée en ressources naturelles, subit une guerre imposée par des acteurs qui convoitent ces mêmes richesses.
« Nos richesses minières sont exploitées de manière illégale par certains pour financer la violence et alimenter les conflits, servant ainsi au commerce des minerais de sang », a-t-elle déclaré, soulignant l’atrocité que subit son pays. La Première ministre n’a pas hésité à pointer du doigt le rôle de l’État rwandais et de ses alliés du M23 dans les violences qui sévissent à l’Est de la RDC.
Elle n’a pas mâché ses mots en évoquant une dramatisation humanitaire : « En ce moment où je m’adresse à vous, les cris de détresse résonnent à travers mon pays, portés par une douleur indicible. La République Démocratique du Congo est de nouveau frappée par une guerre inhumaine et lâche, orchestrée par la barbarie rwandaise. » Un constat amer qui replace l’exploitation des minerais au cœur de contextes de conflits tragiques.
Judith Suminwa Tuluka a toutefois exprimé sa gratitude envers des alliés tels que l’Afrique du Sud, célébrant leur soutien au travers de la Mission de la SADC (SAMIDRC). Dans cette même optique, elle a adressé ses remerciements au président sud-africain Cyril Ramaphosa, pour son engagement dans la défense de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC.
En marge de ces déclarations, la Première ministre a plaidé avec ferveur pour une prise de conscience collective des participants au Forum en matière de traçabilité et de certification des minerais. Elle a rappelé que les ressources minières de la RDC continuent, malgré les réformes entreprises, de servir à alimenter des conflits armés. « La traçabilité des minerais n’est pas une option mais un impératif tant moral que stratégique. Chaque gramme extrait doit être suivi, contrôlé et certifié », a-t-elle martelé, mettant ainsi en exergue un enjeu clé pour mettre fin à « l’hémorragie économique » et humanitaire imposée par l’exploitation illégale des ressources naturelles.
Ce discours empreint de profondeur et de gravité a mis en lumière l’urgence d’un dialogue mondial pour enrayer les dérives de l’exploitation minière dont les retombées néfastes empêchent la République démocratique du Congo de redresser pleinement son économie dans un contexte de paix. L’avenir du pays et celui d’une Afrique unie et forte passe inévitablement par une meilleure gouvernance dans les filières minières et une régulation stricte des marchés des minerais de sang.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net