Berlin a été le théâtre, ce 29 janvier 2025, d’une déclaration retentissante du ministre togolais des Affaires étrangères, Prof Robert Dussey. Lors de la cérémonie inaugurale d’un symposium commémorant les 140 ans de la Conférence de Berlin de 1884-1885, Prof Dussey a vivement plaidé pour que l’Afrique prenne la place qui lui revient de droit sur la scène internationale. Une page de l’histoire coloniale semble vouloir se tourner.
Placée sous le haut patronage de personnalités telles que l’ancien président fédéral allemand Horst Köhler et l’ancienne présidente libérienne Ellen Johnson-Sirleaf, cette rencontre avait pour thème le provocateur « La conférence de Berlin 1884-1885 ou le partage de l’Afrique sans l’Afrique ». Elle réunissait à Berlin des décideurs africains, européens et allemands, ainsi que des experts, hommes d’affaires et membres de la société civile, pour aborder un sujet encore brûlant : les séquelles laissées par le colonialisme.
Prof Dussey n’a pas mâché ses mots, déclarant que « l’Afrique entend être au centre de ses propres décisions, s’autodéterminer et porter sa propre voix sur la scène internationale ». Il a souligné que le renouveau de l’idéal panafricain, visible sur le continent et au sein des diasporas, représente une volonté claire de rompre avec les héritages d’une histoire marquée par l’oppression et l’exploitation. « La Conférence de Berlin, c’était le partage de l’Afrique sans l’Afrique, sans les Africains », a-t-il rappelé dans son discours.
Ce symposium, visant à travailler vers une mémoire commune et à revitaliser le partenariat africano-européen, s’inscrit dans une prise de conscience. Cette dernière cherche à reconnaître le besoin urgent pour l’Afrique de prendre en main son destin. Prof Dussey a fustigé les absences historiques de représentation africaine dans les instances internationales et a appelé les participants à respecter cette aspiration légitime.
Historique mais encore d’actualité, la Conférence de Berlin a vu, entre novembre 1884 et février 1885, les puissances européennes se partager l’Afrique comme on divise un gâteau, sans qu’un seul Africain soit présent. Aujourd’hui, alors que l’Allemagne amorce une reconnaissance de cette terrible page de l’histoire, la question reste en suspens : et les autres nations occidentales ? Rien.
Ce rendez-vous historique à Berlin a le mérite de rouvrir un débat crucial : comment bâtir une nouvelle ère de relations entre l’Afrique et l’Europe, fondée sur le respect, l’égalité et une mémoire assumée ? Une Afrique forte et représentée est-elle en train d’émerger ? Les paroles de Prof Dussey résonnent comme un appel puissant à tous les Africains à prendre part à cette nouvelle narration mondiale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net