Le bilan de la campagne de 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, récemment achevée à Beni, dans le Nord-Kivu, a marqué une étape importante selon les organisations féminines locales. Réunies ce mardi 10 décembre pour une évaluation, ces dernières se sont déclarées satisfaites de leurs efforts de sensibilisation auprès des communautés. Cependant, le constat des responsables demeure alarmant : la dénonciation des violences reste encore largement insuffisante. Alors, comment briser cette omerta qui perpétue les souffrances silencieuses de tant de victimes ?
Ange Maliro, chargée de communication de l’organisation féminine Tendo La Roho, a pris la parole pour expliquer les défis encore nombreux. « Ce silence doit absolument être brisé dans notre communauté, car jusqu’à présent, la dénonciation fait défaut », a-t-elle déclaré. Bien que des cas aient été enregistrés grâce à leurs efforts de sensibilisation, les victimes peinent à franchir l’étape cruciale de la dénonciation. Cette difficulté est aggravée par le fait que certaines personnes ayant eu le courage de se manifester n’ont malheureusement pas obtenu de résultats satisfaisants. Cette réalité décourage d’autres victimes potentielles, ancrant davantage ce cycle de violences dans un lourd silence.
En plus d’alimenter des tensions sociales et des conflits au sein des quartiers, ce mutisme contribue à l’exacerbation d’autres problèmes structuraux. Dans certains cas tragiques, regrette Ange Maliro, des individus en viennent même à trouver un certain confort dans les violences qu’ils subissent ou infligent. Ce constat bouleversant souligne l’urgence d’intensifier les actions pour lutter contre les violences basées sur le genre, non seulement par la sensibilisation mais également par la mobilisation d’autres leviers sociaux.
Les efforts des ONG locales ne se sont pas limités à la sensibilisation. Les organisations féminines se sont également tournées vers les autorités, notamment les forces de police. Leur objectif : impliquer toutes les parties prenantes pour briser le cycle du silence. Ange Maliro conclut : « C’est dans l’union des forces que nous pourrons obtenir des résultats tangibles. »
Malgré les défis, ces ONG restent optimistes. Elles estiment que les objectifs de sensibilisation fixés pour cette campagne ont été atteints, sans toutefois perdre de vue l’ampleur du chemin restant à parcourir. Ce succès partiel redonne de l’espoir aux militants engagés dans la lutte et souligne l’importance de la continuité dans les efforts, tant au niveau communautaire qu’institutionnel. Alors que la République Démocratique du Congo continue de faire face à divers défis sociétaux, l’exemple de ces organisations féminines témoigne de la résilience et de la détermination d’acteurs locaux à provoquer un changement durable.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net