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RDC : le rapport UNICEF 2025 révèle l’explosion des violences sexuelles sur enfants

Imaginez une mère, au cœur de la nuit, portant le corps brisé de sa fille sur son dos, parcourant à pied des sentiers boueux pendant des heures pour atteindre un centre de santé. Sa petite, à peine adolescente, vient de subir l’indicible. Ce cauchemar est une réalité quotidienne pour des familles à travers la République Démocratique du Congo. Un nouveau rapport UNICEF 2025, publié ce 31 décembre, tire la sonnette d’alarme sur une crise humanitaire devenue systémique : l’explosion des agressions sexuelles sur mineurs. Les chiffres sont glaçants et révèlent une tragédie nationale en pleine aggravation.

Selon les données du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, plus de 35 000 cas de violence sexuelle contre des enfants ont été recensés durant les neuf premiers mois de l’année 2025 en RDC. Un chiffre qui, bien qu’en légère baisse par rapport aux près de 45 000 cas de 2024, représente près de 40% de toutes les violences sexuelles signalées dans le pays. Pire, il est trois fois supérieur à celui de 2022. Comment en sommes-nous arrivés là ? Cette progression vertigineuse illustre une faille béante dans les mécanismes de protection de l’enfant au Congo. Derrière ces statistiques anonymes se cachent des dizaines de milliers d’enfances volées, de vies marquées à jamais par la terreur.

Le conflit armé qui ravage l’est du pays reste un terreau fertile pour ces atrocités. Dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, les déplacements forcés de populations et l’effondrement des structures de protection exposent les enfants à des risques accrus. Les groupes armés utilisent le viol comme une arme de guerre, semant la terreur dans les communautés. Mais il serait trompeur de croire que ce fléau se confine aux zones de combat. L’UNICEF est formel : aucune province n’est épargnée. À Kinshasa, la capitale tentaculaire, ou dans les régions du Kasaï, c’est une autre forme de violence, plus sournoise, qui sévit. La pauvreté abjecte, l’insécurité alimentaire chronique et la déscolarisation massive poussent des familles désespérées dans les bras de l’exploitation et des mariages précoces. La crise humanitaire nourrit ainsi directement les violences.

Le rapport souligne avec force que le bilan réel est dramatiquement sous-estimé. La peur des représailles, la honte et la stigmatisation sociale étouffent la parole des victimes. « Le bilan réel est certainement bien plus lourd », peut-on lire dans le document. De nombreux enfants et leurs familles se trouvent dans l’impossibilité de signaler les agressions ou de demander de l’aide. L’accès aux soins est un parcours du combattant. Les travailleurs sociaux sur le terrain décrivent des situations insoutenables où des fillettes, après avoir été violées, doivent entreprendre des trajets de plusieurs heures à pied pour recevoir des soins médicaux essentiels. Comment peut-on demander à une enfant traumatisée, physiquement blessée, de supporter une telle épreuve ? Cette réalité met en lumière l’immense fossé entre les besoins criants et les services disponibles.

Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, ne mâche pas ses mots : « Les témoignages sont les mêmes d’une province à l’autre, signe qu’il s’agit d’une crise profonde alimentée par l’insécurité, les inégalités et le manque de robustesse des systèmes de soutien. » Son constat est sans appel. La peur de la stigmatisation et des représailles paralyse les familles et perpétue un cycle de silence et d’impunité. Cette uniformité du drame à l’échelle nationale prouve qu’au-delà des conflits, c’est tout l’édifice social et protecteur de la RDC qui est en cause. Les systèmes judiciaire, sanitaire et social sont débordés, sous-financés et souvent inaccessibles pour les plus vulnérables.

Face à cette escalade, que fait-on ? Les programmes de protection de l’enfant existent, mais ils semblent dépassés par l’ampleur du phénomène. La communauté internationale et les autorités congolaises sont-elles à la hauteur de l’enjeu ? La réponse actuelle, fragmentée et insuffisante, condamne des générations d’enfants à grandir dans la terreur. L’urgence est non seulement de soigner et de protéger, mais aussi de prévenir. Cela passe par un renforcement massif des services de santé et de soutien psychosocial dans les communautés les plus reculées, par une lutte acharnée contre l’impunité des auteurs, et par des programmes sociaux pour lutter contre la pauvreté qui rend les enfants si vulnérables.

Le rapport UNICEF 2025 sur les violences sexuelles contre les enfants en RDC est plus qu’un document. C’est un miroir tendu à la conscience collective. Il révèle l’échec collectif à protéger les plus innocents. Tant que des mères devront porter leurs filles violées sur des kilomètres pour trouver de l’aide, tant que la peur sera plus forte que la justice, la nation tout entière portera cette blessure. La crise humanitaire des violences sexuelles n’est pas une fatalité. Elle exige une mobilisation à la mesure de l’horreur qu’elle représente. L’avenir du Congo en dépend.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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