Sur la terrasse Kingakati, à l’entrée du Camps N’Sele, l’ambiance est à la fête. Gédeon Kapiamba, propriétaire des lieux, affiche un large sourire : « Enfin, nous avons retrouvé la lumière ! C’est un vrai soulagement après toutes ces semaines dans le noir. » Autour de lui, des habitants de Mbuji-Mayi trinquent, dansent et partagent leur joie. Cette scène, capturée en ce début de semaine, symbolise le rétablissement de l’électricité à Mbuji-Mayi, une bouffée d’air frais à la veille du Nouvel An.
Le courant est en effet revenu depuis mardi 29 décembre dans la capitale du Kasaï-Oriental, mettant fin à une coupure de courant au Kasaï-Oriental qui durait depuis plusieurs jours, plongeant la ville dans l’inconfort et l’incertitude. Pour beaucoup, cette période sans électricité a été un calvaire. Comment conserver les aliments ? Comment étudier le soir ? Que serait une célébration de fin d’année sans lumière ? Autant de questions qui ont rythmé le quotidien de milliers de familles.
La panne d’électricité en RDC, localisée cette fois à Mbuji-Mayi, trouvait sa source dans un équipement vieillissant. Selon la Société nationale d’électricité (SNEL), un transformateur défectueux de la SNEL, tombé en panne le 13 novembre 2025, était la cause principale de cette interruption prolongée. Son remplacement a permis une reprise durable de la fourniture d’énergie. « Nous avons procédé au changement de ce transformateur pour garantir une stabilité du réseau », a confirmé un responsable de la SNEL, sous couvert d’anonymat. Ce nouvel équipement ne bénéficie pas qu’au secteur électrique.
De fait, le retour du courant a des répercussions directes et vitales sur un autre service essentiel : l’eau. La Régie de distribution d’eau (REGIDESO) dépend en grande partie de l’énergie électrique pour pomper et traiter l’eau. Didier Mbudi Lelo, directeur régional de REGIDESO, l’a confirmé sans ambages : « La remise en service de ce transformateur va considérablement améliorer la distribution d’eau potable. Nous pouvons maintenant alimenter plus de quartiers de manière régulière. » Cette annonce est accueillie avec un immense soulagement par une population qui, en plus du noir, devait faire face à la pénurie d’eau.
Dans les foyers, les améliorations sont déjà tangibles. « Avant, il fallait faire la queue pendant des heures au point d’eau communautaire, ou payer très cher un seau d’eau aux vendeurs ambulants », témoigne Marie, mère de famille habitant le quartier Dipa. « Maintenant, l’eau coule à nouveau au robinet, même si c’est encore timide. C’est un premier pas énorme. » Cette double victoire – lumière et eau – redonne un peu de normalité à la vie quotidienne. Mais cette joie légitime ne doit pas masquer les défis structurels.
Cette séquence pose en effet des questions plus larges sur l’état des infrastructures en République Démocratique du Congo. Pourquoi un simple transformateur met-il des semaines à être remplacé, paralysant une ville entière ? L’accès à l’eau potable de la REGIDESO doit-il être aussi vulnérable aux aléas du réseau électrique ? Ces incidents répétés ne sont-ils que les symptômes d’un manque criant d’investissement et de maintenance préventive ? Les habitants, bien que soulagés, restent sceptiques. « On est content que le courant soit revenu pour les fêtes, mais on a peur que dans deux mois, ce soit la même histoire », confie un jeune homme rencontré près du marché central.
Le rétablissement de l’électricité à Mbuji-Mayi est donc une bonne nouvelle, un répit bienvenu en période de célébrations. Il montre que lorsque la volonté et les moyens sont là, les solutions existent. Cependant, il doit servir de catalyseur pour une réflexion plus profonde. La fiabilité des services publics n’est pas un luxe, mais un droit fondamental. Elle conditionne la santé, l’éducation, la sécurité et le développement économique de régions entières. Alors que les lumières se sont rallumées à Mbuji-Mayi, il est temps d’allumer aussi une lumière sur la nécessité d’investissements durables et d’une gestion responsable, pour que de telles coupures de courant ne soient plus qu’un mauvais souvenir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
