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Crise à l’Est : l’Union africaine face au risque d’embrasement régional

La 1321e réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine s’est tenue ce lundi, consacrant un débat urgent à la crise sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo. Cet organe décisionnel, conçu pour être le pilier de la sécurité collective et de l’alerte rapide sur le continent, se trouve une fois de plus face à l’épineux dossier de la région des Grands Lacs, où les flammes de la violence menacent de consumer les fragiles équilibres frontaliers. L’urgence de la situation a poussé la cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, à lancer un cri d’alarme par visioconférence, soulignant le risque imminent d’une conflagration régionale.

Dans une allocution ferme, la ministre d’État a pointé du doigt l’« activisme » de la rébellion de l’AFC/M23, soutenue selon elle par le Rwanda, dont les répercussions dépassent désormais les frontières congolaises pour affecter le Burundi, en référence explicite aux combats ayant précédé l’occupation de la ville d’Uvira. « La stabilité de la région des Grands Lacs ne peut être compromise par la banalisation de violations aussi manifestes », a-t-elle déclaré, dénonçant une escalade militaire et une « spoliation des ressources minières congolaises de la part d’un seul État, le Rwanda, toujours impuni ». Cet appel solennel au Conseil paix sécurité Union africaine constitue une manœuvre diplomatique cruciale pour Kinshasa, qui cherche à inscrire ce conflit localisé dans l’agenda continental comme une menace à la paix collective.

Face à cette crise sécuritaire Est RDC, la RDC, par la voix de sa ministre, a réaffirmé son attachement au multilatéralisme et aux voies diplomatiques, citant notamment le processus de Washington et le processus de Doha. Cependant, derrière cette rhétorique d’engagement pacifique perce une critique acerbe de l’inefficacité des mécanismes actuels. « Aucun processus ne saurait survivre à des violations répétées et impunies de ses engagements fondamentaux », a-t-elle asséné, dans une phrase qui résume tout le paradoxe de la situation : comment croire aux pourparlers lorsque les armes continuent de parler sur le terrain ? Cette réunion intervient en effet dans un contexte où les accords de Washington, pourtant entérinés sous les auspices de l’administration Trump, peinent à se traduire en actions concrètes de désescalade.

L’analyse des faits révèle une stagnation préoccupante, voire une régression. Alors que le processus de Doha, censé traiter des causes profondes du conflit comme la restauration de l’autorité de l’État, est au point mort, la rébéllion M23 Rwanda a profité de ce vide pour reprendre l’offensive. L’épisode de l’occupation Uvira au Sud-Kivu en est la manifestation la plus éloquente, démontrant la capacité du groupe armé à frapper au cœur d’une ville majeure, avant d’en annoncer un retrait qui ressemble davantage à une manœuvre tactique qu’à une véritable soumission aux injonctions internationales. Les États-Unis, par la voix de leur représentante au Conseil de sécurité de l’ONU, ont d’ailleurs immédiatement tempéré cet optimisme de façade en exigeant un retrait « effectif et vérifiable » à au moins 75 kilomètres, soulignant la méfiance persistante de la communauté internationale.

Cette situation place l’Union africaine dans une position délicate. L’institution continentale, souvent critiquée pour sa lenteur réactionnaire, est aujourd’hui sommée de passer des déclarations de principe à des actions coercitives. Le discours de la ministre Kayikwamba Wagner, en appelant à une intervention de l’UA, met indirectement en lumière l’incapacité de l’organisation à faire respecter ses propres résolutions et à sanctionner un État membre accusé d’agression. Jusqu’où l’Union africaine est-elle prête à aller pour préserver sa crédibilité et empêcher la balkanisation de la région ? La question reste en suspens, tandis que les populations civiles paient le prix fort de ces atermoiements diplomatiques.

En définitive, la réunion du CPS aura au moins eu le mérite de remettre la crise sécuritaire Est RDC à l’ordre du jour continental. Toutefois, sans une volonté politique ferme de ses membres les plus influents, elle risque de n’être qu’un énième forum de discussions stériles. Les prochains jours seront déterminants pour observer si les mots prononcés à Addis-Abeba se transformeront en pression tangible sur Kigali et en soutien opérationnel à Kinshasa. L’alternative, c’est une région des Grands Lacs durablement instable, où la loi du plus fort continuera de primer sur le droit international, annihilant des années d’efforts de médiation. Le choix de l’Union africaine, entre complaisance et fermeté, dessinera l’avenir géopolitique de toute l’Afrique centrale.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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