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Tshopo : Huit députés provinciaux menacés d’invalidation pour absentéisme répété

La scène politique provinciale de la Tshopo est traversée par une onde de choc institutionnelle. Le bureau de son Assemblée provinciale a rendu public, ce mardi 30 décembre, un rapport de participation aux séances plénières qui jette une lumière crue sur les pratiques de certains élus. Sur les 22 séances de la session ordinaire de septembre, huit députés provinciaux ont franchi le seuil fatidique d’un quart d’absences non justifiées, s’exposant ainsi à une procédure d’invalidation de leur mandat. Cette situation, directement encadrée par l’article 112 du règlement intérieur de l’Assemblée provinciale, met en exergue une crise de représentativité et interroge sur le sérieux des engagements pris devant les électeurs. L’Assemblée provinciale Tshopo se trouve donc à un carrefour procédural, contrainte de trancher une question qui touche à la légitimité même de ses membres.

Parmi les noms cités dans ce palmarès de l’absentéisme figurent des élus de Kisangani, la capitale provinciale. Claude Bolila, avec seulement 7 présences pour 15 absences, André Letondo, qui n’a honoré qu’une seule séance, Angel Mbo Nzene (3 présences) et Joseph Yule (10 présences). La liste s’étend au-delà de l’épicentre urbain, touchant des circonscriptions telles que Banalia avec Bernardin Mbilingo, ou Opala avec Aimé Eyane et Vicky Ilongo. Le rapporteur adjoint Jules Yuma, élu d’Ubundu, est également concerné. Ces chiffres, froids et administratifs, dessinent une réalité politique préoccupante : près d’un tiers de l’hémicycle provincial a choisi, de manière répétée, de s’absenter du débat démocratique pour lequel il a été mandaté. Quelles priorités ont donc pris le pas sur le devoir de siéger et de légiférer pour la province ?

La procédure qui s’ouvre maintenant est codifiée, mais son issue est éminemment politique. Conformément à la Constitution, à la loi sur la libre administration des provinces et au règlement intérieur, l’Assemblée devra se prononcer formellement sur le sort de ces huit députés provinciaux. En cas d’invalidation, leurs mandats seront déclarés vacants et leurs premiers suppléants appelés à les remplacer. Cette mécanique légale, bien que prévisible, n’est pas anodine. Elle remet en cause des équilibres politiques locaux et pourrait redistribuer les cartes au sein de l’assemblée. L’épisode témoigne d’un certain laxisme, mais aussi peut-être d’une stratégie de blocage ou de désintérêt dont il faudra analyser les racines.

Le contexte de la session de septembre, décrite comme « tendue », apporte un éclairage crucial. Cette période a été marquée par des tentatives avortées de destitution du bureau de l’Assemblée et du gouvernement provincial. Il est révélateur que plusieurs des députés Tshopo pointés du doigt pour leur absentéisme aient, selon les informations, séjourné à Kinshasa au moment où l’assemblée programmait un débat crucial sur une motion visant le gouverneur Paulin Lendongolia, pourtant réhabilité par la Cour Constitutionnelle. Leur absence physique coïncide-t-elle avec un retrait stratégique du théâtre des opérations politiques locales ? Jouaient-ils un autre jeu, sur une scène nationale, au détriment de leur mandat local ? Cette concomitance interroge sur la centralisation des luttes de pouvoir et la tentation pour certains élus provinciaux de négliger leur mandat au profit d’autres agendas.

Cette affaire d’invalidation mandat potentielle dépasse donc le simple cadre disciplinaire. Elle pose une question fondamentale de gouvernance et de redevabilité en RDC. Le règlement intérieur n’est pas un simple formulaire administratif ; il est le gardien de la continuité démocratique et de l’assiduité requise pour gérer la chose publique. La facilité avec laquelle le seuil d’absences a été franchi par autant d’élus suggère un mépris certain pour ces règles, ou une confiance excessive dans l’impunité. L’Assemblée provinciale saura-t-elle faire preuve de la fermeté nécessaire pour restaurer son autorité et le principe de représentativité ? Ou cédera-t-elle à des considérations politiciennes, édulcorant la sanction pour préserver des alliances fragiles ?

La balle est maintenant dans le camp de l’institution parlementaire. Sa décision sera scrutée comme un test de sa maturité et de son indépendance. La procédure parlementaire Tshopo qui va suivre est plus qu’une formalité : c’est un signal fort envoyé aux électeurs et à la classe politique toute entière. Dans une province riche en défis, le temps perdu en séances fantômes est un luxe que la population ne peut plus se permettre. La sanction de l’absentéisme, si elle est appliquée, pourrait marquer un tournant vers un peu plus de sérieux dans l’exercice des mandats députés RDC. Le prochain enjeu sera de voir si les suppléants, une fois en poste, tireront les leçons de ce précédent et choisiront la présence assidue sur l’évitement stratégique. L’affaire des huit députés fantômes de la Tshopo est un révélateur des tensions entre la pratique politique et l’éthique du mandat représentatif.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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