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Accord de Washington RDC-USA : Mukoko Samba contre-attaque face aux accusations de braderie

Alors que les dernières heures de l’année 2025 s’égrènent, la scène politique congolaise est agitée par une tempête médiatique aux relents de défiance. Au cœur de cette tourmente, un document diplomatique : l’Accord de Washington signé le 4 décembre dernier avec les États-Unis. Face aux interprétations jugées fantaisistes et aux accusations de braderie nationale, le gouvernement a choisi de sortir l’artillerie lourde de la communication. Le briefing conjoint du vice-Premier ministre Daniel Mukoko Samba et du ministre Patrick Muyaya, ce 30 décembre, visait moins à informer qu’à reprendre le contrôle d’un narratif politique en train de lui échapper. Le pouvoir joue gros, car cette controverse touche à la corde sensible de la souveraineté économique de la RDC.

Dans un climat où chaque mot est décortiqué, Daniel Mukoko Samba, architecte du volet économique de l’accord, a adopté une posture à la fois pédagogique et ferme. « Il s’agit d’un accord-cadre, technique, qui définit des domaines de coopération », a-t-il martelé, réfutant point par point les allégations les plus incendiaires. Le ministre de l’Économie nationale a insisté sur l’absence totale, dans le texte, de listes de concessions minières ou de désignation d’investisseurs privilégiés. Une déclaration qui sonne comme un désaveu cinglant pour ceux qui crient au « bradage » des ressources minières du Congo. Mais peut-on vraiment apaiser les craintes par de simples assurances, alors que la mémoire collective est marquée par des accords passés aux conséquences ambiguës ?

Le cœur de la démonstration gouvernementale réside dans la nature même du partenariat stratégique RDC États-Unis. Loin d’être un contrat commercial, il établit un cadre légal pour une collaboration multisectorielle. Les domaines visés ? L’économie et le commerce, bien sûr, mais aussi la sécurité, la gouvernance, l’éducation et les technologies. Des projets structurants sont mis en avant, tels que le pharaonique Grand Inga ou le Corridor de Lobito, présentés comme les piliers d’un développement endogène. L’argument est séduisant : il ne s’agirait pas de vendre des minerais bruts, mais de bâtir des infrastructures qui permettront au pays de capturer davantage de valeur. Une stratégie à long terme qui contraste avec les raccourcis alarmistes.

Pour rassurer les plus sceptiques, le gouvernement a détaillé les mécanismes de contrôle accompagnant l’accord. Un comité conjoint de pilotage, paritaire, doit se réunir dans les 90 jours et évaluer les progrès tous les trois ans. En cas de litige, l’arbitrage ultime reviendrait à la Première ministre Judith Suminwa. Cette architecture institutionnelle est présentée comme un gage de transparence et d’équilibre. Pourtant, une question persiste : face à la puissance de négociation américaine et à l’opacité qui a parfois entouré les grands contrats, ces garde-fous seront-ils suffisants pour garantir les intérêts congolais ? La crédibilité de ce dispositif dépendra entièrement de la fermeté et de l’unité que l’exécutif saura montrer dans les futures négociations détaillées.

L’offensive de communication menée par Mukoko Samba et Muyaya révèle, en creux, une fragilité politique. La rapidité avec laquelle les critiques se sont propagées, venant d’une partie de la classe politique et de la société civile, indique une méfiance profonde envers toute forme de partenariat avec l’étranger. Le gouvernement est donc contraint de mener un combat sur deux fronts : expliquer un texte complexe à l’opinion publique tout en contenant les attaques de ses adversaires. En présentant l’accord comme un simple outil de coopération, neutre et technique, l’exécutif tente de le dépolitiser. Une manœuvre risquée, car dans le paysage congolais, tout accord international, surtout avec une puissance comme les États-Unis, est par essence éminemment politique.

La balle est désormais dans le camp de la mise en œuvre. Les prochains mois seront décisifs pour le partenariat stratégique RDC États-Unis. La création du comité de pilotage et l’identification des premiers projets concrets constitueront le premier test de vérité. Le gouvernement pourra-t-il transformer ce cadre juridique en bénéfices tangibles pour les populations, en termes d’emplois et d’infrastructures, sans céder de terrain sur la souveraineté nationale ? L’échec ou les ambiguïtés dans cette phase pratique donneraient des armes redoutables à l’opposition et confirmeraient les pires craintes. À l’inverse, une gestion ferme et transparente pourrait redorer le blason d’un exécutif souvent accusé de laxisme dans la défense du patrimoine national.

En définitive, la polémique autour de l’Accord de Washington RDC USA dépasse la simple exégèse d’un texte. Elle met en lumière les tensions permanentes entre l’impératif d’ouverture aux investissements étrangers et la préservation absolue de la souveraineté économique. La démonstration de Daniel Mukoko Samba, aussi rigoureuse soit-elle, n’aura de valeur que si elle s’accompagne d’une vigilance de tous les instants dans les phases à venir. Le véritable enjeu n’est pas dans les mots de l’accord, mais dans la capacité de l’État congolais à en maîtriser l’exécution. L’histoire jugera si cet épisode fut un moment de fermeté stratégique ou une nouvelle illusion dans la longue quête de développement de la RDC.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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