Une vingtaine de détenus a réussi à prendre la fuite dans la nuit du samedi 28 décembre, forçant les portes du cachot du poste de police du village de Kisankala, situé dans le territoire de Mutshatsha, province du Lualaba. Cet incident, d’une gravité particulière, met en lumière les vulnérabilités sécuritaires de cette zone rurale et interroge sur les moyens déployés pour contenir la criminalité.
Selon les informations recueillies, l’évasion aurait été orchestrée depuis l’intérieur même du cachot. Deux jeunes individus, présumés bandits à mains armées et arrêtés plus tôt dans la journée vers 11 heures, sont pointés comme les principaux instigateurs. En début de soirée, vers 20 heures, un plan simple mais efficace a été mis en œuvre. Les détenus ont simulé une demande pressante d’eau auprès de l’agent de police en faction.
Profitant de la compassion ou de la négligence de l’agent, ce dernier se serait approché du cachot avec un bidon. À ce moment précis, les prisonniers auraient forcé la porte, asséné des coups à l’agent et pris la fuite dans l’obscurité. Au total, ce sont environ vingt personnes, dont les deux présumés bandits initialement arrêtés, qui ont disparu dans la nature, laissant derrière elles un poste de police vidé de ses prisonniers.
Comment une telle évasion a-t-elle pu se produire dans un lieu supposé être sécurisé ? Cet événement intervient dans un contexte déjà tendu pour la localité de Kisankala. Le village, cerné par plusieurs sites d’exploitation minière artisanale, connaît une recrudescence alarmante des actes de banditisme ces dernières semaines. Les creuseurs artisanaux, souvent en situation de précarité, sont fréquemment incriminés dans cette spirale de violences et de vols à main armée, créant un terreau fertile pour l’insécurité à Mutshatsha.
Mexa Mukanya, coordonnateur de l’ONG Eben Ezer, très active sur les questions de sécurité dans le Lualaba, a confirmé les faits et exprimé son profond désarroi. Pour l’activiste, cet incident n’est pas un épisode isolé, mais le symptôme d’une situation sécuritaire qui se dégrade rapidement. « La population vit dans la peur », a-t-il déploré, précisant que certains habitants avaient déjà été victimes d’actes de vandalisme lors des nuits précédentes.
Le climat de terreur semble s’être encore accentué dans la foulée de l’évasion. L’ONG Eben Ezer signale que durant la même nuit, d’autres habitations de la zone ont été visitées par des bandits, vraisemblablement parmi les évadés, alimentant un sentiment de désolation et d’abandon parmi les civils. Cette succession d’événements criminels pose une question cruciale : les forces de l’ordre locales sont-elles dépassées face à l’ampleur du banditisme dans le Lualaba ?
L’évasion du cachot de police de Kisankala constitue un sérieux revers pour la lutte contre l’insécurité dans la région. Elle démontre une faille opérationnelle préoccupante, tant dans la garde des détenus que dans la réponse aux menaces persistantes. Les autorités provinciales et la police nationale n’ont, à l’heure où cet article est rédigé, pas communiqué officiellement sur les circonstances exactes de l’incident ni sur les mesures prises pour retrouver les fugitifs.
Les conséquences de cette évasion massive sont immédiates. Outre le risque que ces individus, pour certains probablement dangereux, ne réintègrent immédiatement leurs activités criminelles, l’acte en lui-même porte un coup à l’autorité de l’État et à la confiance déjà fragile des populations envers les institutions chargées de leur protection. La priorité est désormais la traque des évadés, mais une réflexion plus large sur la sécurisation des zones minières et le renforcement des postes de police reculés s’impose pour l’ONG Eben Ezer et pour tous les acteurs de la sécurité dans le Lualaba.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
