Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont repris le contrôle total du centre de Katoyi, chef-lieu du secteur éponyme dans le territoire de Masisi, Nord-Kivu. Cette reprise stratégique, intervenue ce lundi 29 décembre, fait suite à une journée de combats violents qui a opposé, dimanche, l’armée régulière et des groupes d’autodéfense aux rebelles du mouvement AFC/M23. Cette avancée marque un tournant significatif dans la sécurisation de cette partie du territoire.
Les combats ont éclaté aux premières heures de la journée de dimanche, vers 4 heures du matin. Selon des sources sécuritaires locales, les forces gouvernementales, appuyées par des combattants Wazalendo du mouvement PARECO, ont lancé une offensive déterminée pour déloger les éléments du M23 qui occupaient Katoyi depuis la mi-novembre 2025. Cette occupation prolongée leur avait permis d’étendre leur influence et d’exercer une pression accrue sur les groupements voisins, notamment Ufamandu, Matanda et Nyamaboko, situés dans le sud du territoire de Masisi.
L’assaut, initié au petit matin, s’est intensifié au fil des heures. Les sources indiquent que les FARDC et leurs alliés se sont réinvestis dans le centre de Katoyi vers la mi-journée. La progression s’est avérée décisive. En plus du centre administratif, au moins quatre positions stratégiques essentielles pour le contrôle de la zone ont été récupérées par les forces pro-gouvernementales. Il s’agit des localités de Mitimingi, Kahundu, Kasheke et Kakoka. Ces points d’appui avaient été utilisés par les rebelles pour consolider leur emprise.
Les affrontements, d’une rare intensité, se sont progressivement atténués en soirée, laissant place à un calme relatif mais précaire. Le bilan humain de cette journée de combat dans le Nord-Kivu, théâtre récurrent de ce conflit armé, s’annonce lourd. Des sources militaires évoquent des pertes significatives des deux côtés. Du côté rebelle, les informations font état d’au moins 28 combattants de l’AFC/M23 capturés par les forces loyalistes. De plus, un lot de 12 armes de différents calibres aurait été récupéré sur les positions abandonnées par l’adversaire. Ces saisies représentent un coup porté à la logistique du mouvement insurgé.
Cette reprise de Katoyi par les FARDC est-elle le signe d’un renversement de dynamique dans ce conflit armé à Masisi ? Si la victoire tactique est incontestable, la situation sur le terrain demeure extrêmement volatile. Les acteurs de la société civile locale, contactés sur place, tirent la sonnette d’alarme. Ils confirment que la quiétude n’est pas encore revenue à Katoyi et dans ses environs immédiats. La peur d’une contre-offensive ou de représailles plane toujours sur la population.
Le coût humanitaire de ces violences est, une fois de plus, exorbitant. Les combats ont provoqué une nouvelle vague de déplacements forcés de populations civiles, déjà éprouvées par des années d’instabilité. Selon les témoignages recueillis par les organisations locales, plusieurs centaines d’habitants de Katoyi ont fui leurs habitations pour se réfugier dans des villages voisins, perçus comme plus sûrs. D’autres, pris de panique, se cachent encore dans la brousse environnante, sans accès à l’aide ou aux soins de première nécessité. Ce nouvel exode ajoute une pression supplémentaire sur des communautés d’accueil déjà vulnérables.
La reprise de Katoyi par les FARDC constitue donc un succès opérationnel important dans la lutte contre l’avancée du M23 dans le Nord-Kivu. Elle permet de briser, temporairement, l’étau que les rebelles resserraient sur le sud du territoire de Masisi. Cependant, cette victoire militaire ne saurait masquer la fragilité persistante de la situation sécuritaire dans cette région. Les défis restent immenses : consolider les positions reconquises, assurer la protection des civils qui souhaitent retourner chez eux, et empêcher tout regain d’activité des groupes armés. La communauté locale, bien que soulagée par la retraite des rebelles, observe la suite des événements avec une prudence mêlée d’espoir, appelant à une sécurisation durable pour mettre fin au cycle infernal de la violence.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
