Le sol de Kikwit, dans la province du Kwilu, est à nouveau teinté de sang. Au terme de violents combats, un bilan lourd et dramatique est dressé : au moins quinze miliciens Mobondo et cinq soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont trouvé la mort lors de récents affrontements. Ces combats en RDC, d’une intensité rare, illustrent une escalade sécuritaire préoccupante aux portes de la capitale, Kinshasa.
Dimanche 29 décembre, l’armée a procédé à une présentation saisissante devant la presse. Les preuves matérielles de la férocité des engagements étaient étalées au grand jour : vingt-neuf armes de calibre 12, six fusils d’assaut AK-47 et une série de documents personnels, dont plusieurs pièces d’identité. Ces équipements, selon les déclarations des FARDC, ont été récupérés lors d’opérations de ratissage menées dans les villages de Bolingo et Nkana, situés dans la périphérie de Kikwit.
Le porte-parole régional des FARDC, le capitaine Antony Mualushay, a livré un message sans ambiguïté. Le mouvement Mobondo est qualifié de « menace directe aux portes de Kinshasa ». Une détermination sans faille a été réaffirmée : neutraliser définitivement ce groupe. La disparition des cinq soldats, précisée comme étant le résultat d’attaques aux armes de guerre et non par des moyens rudimentaires, est présentée comme un indicateur clé. « Ce sont des indices qui montrent qu’il ne s’agit pas d’un simple mouvement insurrectionnel ou d’une milice isolée, mais d’une rébellion structurée », a-t-il martelé.
Les propos du capitaine Mualushay ont pris une tournure politique et ferme. S’adressant directement aux commanditaires supposés des Mobondo, il a lancé un avertissement cinglant. « Ils peuvent se cacher dans la majorité présidentielle ou dans l’opposition politique, mais l’armée n’a pas de couleur et nous travaillons pour la République. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour mettre hors d’état de nuire toute personne derrière Mobondo, qu’elle agisse directement ou indirectement pour faire couler le sang de nos compatriotes. » Cette déclaration tranchante soulève d’innombrables questions sur les ramifications et le financement de cette milice.
La situation sécuritaire dans le Kwilu, particulièrement autour de Kikwit, demeure extrêmement volatile. Les affrontements récurrents entre les forces régulières et les miliciens Mobondo plongent les populations civiles dans un cycle infernal de peur et de déplacement. La présence d’un arsenal aussi conséquent que celui saisi – des armes de guerre comme les AK-47 – confirme les craintes d’une militarisation accrue du conflit. Jusqu’où cette rébellion structurée étendra-t-elle son emprise ? La proximité géographique avec Kinshasa, siège des institutions nationales, ajoute une dimension stratégique et anxiogène à ces combats en RDC.
Les opérations des FARDC dans la région du Kwilu semblent marquer un tournant dans la réponse de l’État face à cette insécurité. La volonté affichée est d’en finir avec l’impunité. Cependant, le prix payé est élevé, comme en témoigne la perte de cinq militaires. Ces morts rappellent la dangerosité des missions de maintien de l’ordre face à un adversaire déterminé et bien équipé. La neutralisation des miliciens Mobondo représente-t-elle le début de la fin de l’instabilité dans cette région, ou simplement un répit temporaire avant une nouvelle flambée de violence ?
La communauté locale, prise en étau entre les belligérants, attend des actes concrets pour retrouver une paix durable. Les saisies d’armes et les déclarations musclées doivent désormais se traduire par une sécurisation palpable du territoire. Les affrontements à Kikwit ne sont pas un incident isolé, mais le symptôme d’une crise plus profonde qui nécessite une réponse multidimensionnelle, combinant action militaire ferme et initiatives politiques pour tarir les sources du recrutement et du soutien aux groupes armés. La détermination des FARDC au Kwilu est claire, mais le chemin vers la pacification totale semble encore long et semé d’embûches.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
