Une véritable course contre la montre est engagée dans la province de la Lomami pour endiguer le fléau du paludisme. Depuis fin décembre, une campagne d’envergure vise à équiper plus de cinq millions de personnes en moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action. Cette initiative cruciale, ciblant les 16 zones de santé de la province, représente un espoir majeur pour réduire la morbidité et la mortalité associées à cette maladie parasitaire, qui frappe sans relâche les populations les plus vulnérables.
Mais pourquoi une telle mobilisation ? Le paludisme demeure, en République Démocratique du Congo comme dans la province de Lomami, la principale cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans. Il constitue également une menace grave pour les femmes enceintes, pouvant entraîner des complications telles que l’anémie sévère, un faible poids de naissance pour le bébé, voire des mortinaissances. Pourtant, cette maladie est en grande partie évitable. La moustiquaire imprégnée reste l’un des outils de prévention les plus simples, les plus économiques et les plus efficaces. En créant une barrière physique et chimique contre les piqûres de moustiques nocturnes (anophèles), vecteurs du parasite, elle réduit considérablement le risque d’infection.
La stratégie déployée est celle de la couverture universelle. Il ne s’agit pas seulement de donner des moustiquaires, mais de s’assurer que chaque foyer en soit pourvu selon ses besoins. Le principe retenu est d’une moustiquaire pour deux personnes. Pour atteindre cet objectif ambitieux, l’opération combine un minutieux dénombrement des ménages et la distribution gratuite. Des relais communautaires, formés et supervisés par la Division Provinciale de la Santé de Lomami et le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), sillonnent les villages et les quartiers. Leur mission : frapper à chaque porte, recenser les habitants et remettre les précieuses protections. Ce maillage territorial fin est essentiel pour ne laisser personne de côté.
« Nous encourageons vivement toute la population à accueillir ces agents de santé communautaire et à suivre leurs conseils », a insisté le vice-gouverneur de la province, Célestin Kayembe. Son message est clair : recevoir la moustiquaire n’est que la première étape. La seconde, et la plus importante, est de l’utiliser systématiquement, chaque nuit, pour toute la famille. Une moustiquaire rangée dans un placard est inefficace. Il est également crucial de la suspendre correctement, de vérifier son intégrité et de respecter les consignes pour préserver son imprégnation insecticide.
Derrière cette campagne santé d’envergure en Lomami, un important effort financier et logistique a été nécessaire. Le ministère de la Santé publique de la RDC a pu compter sur l’appui déterminant du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ce partenariat international est vital pour financer l’achat des millions de moustiquaires et organiser leur déploiement sur le terrain. Des acteurs nationaux comme SANRU (Soins de santé primaires en milieu rural) et la CAGF (Cellule d’appui et de gestion financière) apportent également leur expertise technique et opérationnelle.
Que peut-on attendre concrètement de cette distribution de moustiquaires dans la Lomami ? Les expériences passées dans d’autres régions montrent qu’une couverture élevée et une utilisation correcte conduisent à une baisse rapide et significative du nombre de cas de paludisme. Cela se traduit par moins d’hospitalisations, moins de décès d’enfants, et une pression allégée sur des systèmes de santé souvent fragiles. Pour les familles, c’est aussi la perspective de nuits paisibles, sans la crainte de la fièvre, des courbatures et des complications potentiellement mortelles.
La réussite de cette campagne ne dépend pas seulement des autorités ou des bailleurs. Elle repose entre les mains de chaque chef de ménage. Accepter la moustiquaire, c’est faire un choix de protection pour sa famille. L’utiliser chaque nuit, c’est participer activement à la construction d’une barrière collective contre le paludisme. Alors que les relais communautaires poursuivent leur travail essentiel de porte-à-porte, l’espoir est permis de voir la province de Lomami franchir un cap décisif dans ce combat de santé publique. La lutte est longue, mais chaque moustiquaire correctement utilisée est une victoire concrète.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
