Dans une démonstration éloquente de mobilisation communautaire, plus de 9 962 enfants âgés de 6 à 59 mois ont reçu le vaccin contre la rougeole lors d’une campagne d’urgence d’une semaine dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Cette opération, ciblant initialement 7 312 enfants, a donc largement dépassé ses objectifs dans les zones de santé de Katoyi et de Kirotshe, offrant un bouclier immunitaire crucial là où la maladie sévissait depuis plus de cinq mois.
Mais pourquoi une telle urgence ? La rougeole, maladie virale extrêmement contagieuse, représente un danger majeur pour les jeunes enfants, en particulier dans les régions où l’accès aux soins est limité. Ses complications peuvent inclure des pneumonies sévères, des encéphalites, voire la mort. Dans un contexte comme celui du Nord-Kivu, où le système de santé est souvent fragilisé, une épidémie peut rapidement prendre des proportions dramatiques. La campagne d’urgence à Masisi est intervenue précisément pour briser cette chaîne de transmission après une alerte prolongée ayant notifié de nombreux cas.
Les centres de santé de Kasheembe et de Rubaya ont été le théâtre de cette mobilisation massive. Le succès de cette vaccination contre la rougeole au Nord-Kivu tient en grande partie à l’adhésion des parents, qui, après avoir vu les ravages de la maladie au sein de leur communauté, ont répondu présent en nombre. Comme l’a rapporté un responsable sanitaire local, cette participation a « largement dépassé les attentes initiales ». Ce plébiscite silencieux est un signal fort : face à la maladie, la prévention par la vaccination reste la solution la plus efficace et la plus demandée par les populations.
Au-delà du chiffre impressionnant, cette campagne révèle plusieurs enjeux cruciaux pour la santé infantile à Katoyi et dans les environs. Premièrement, elle met en lumière la résilience des communautés qui, malgré des conditions souvent difficiles, prennent en main la protection de leurs enfants. Deuxièmement, elle souligne l’impérieuse nécessité de réponses rapides et ciblées pour circonscrire les foyers épidémiques. Enfin, et c’est peut-être le point le plus important, elle rappelle que la vaccination de routine est le pilier d’une santé durable.
Les acteurs de terrain ne s’y trompent pas. Au-delà de l’opération d’urgence, ils exhortent les parents à respecter scrupuleusement le calendrier vaccinal standard. Une seule dose, même dans le cadre d’une campagne massive, ne suffit pas à conférer une protection à vie. Le suivi régulier dans les centres de santé reste la clé pour éradiquer les maladies évitables. Ne serait-il pas tragique de voir resurgir la maladie faute d’un rappel vaccinal ?
Cependant, la pérennité de ces efforts se heurte à un obstacle de taille : l’insécurité. Un leader communautaire de la zone de santé de Katoyi a plaidé pour l’instauration d’une paix durable, soulignant que la résurgence d’épidémies comme la rougeole n’est qu’une des conséquences visibles de l’instabilité. Comment maintenir une chaîne du froid pour les vaccins, comment assurer la permanence des soins, comment déployer des équipes mobiles dans un environnement volatile ? La fragilisation du système de santé à Kirotshe et ailleurs dans le Masisi est directement liée à ce contexte.
L’épidémie de rougeole en RDC est un problème récurrent, mais des initiatives comme celle-ci montrent la voie à suivre. La combinaison d’une réponse d’urgence efficace et d’un plaidoyer fort pour la vaccination systématique est la stratégie gagnante. Cette campagne dans le Nord-Kivu prouve que lorsque l’offre de santé répond à un besoin criant, la population s’en saisit. Elle démontre aussi que protéger la santé infantile est une priorité qui transcende les clivages.
En conclusion, le chemin est encore long. Le succès de cette campagne doit servir de tremplin pour renforcer la vaccination de routine et consolider les infrastructures sanitaires locales. La communauté internationale et les autorités nationales doivent continuer à soutenir ces efforts, en garantissant notamment un approvisionnement stable en vaccins et en formant le personnel de santé. La santé des enfants du Masisi, et de toute la RDC, ne doit pas être la victime collatérale des conflits. Chaque enfant vacciné est une victoire contre la maladie et un pas vers un avenir plus sain.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
