Face à une épidémie de rougeole qui sévit depuis plus de cinq mois dans le Nord-Kivu, une campagne de vaccination d’urgence vient d’achever une semaine d’activité intensive avec un succès inattendu. Dans les zones de santé de Katoyi et de Kirotshe, sur le territoire de Masisi, ce sont près de 10 000 enfants âgés de 6 à 59 mois qui ont reçu une dose protectrice contre ce virus redoutable. Un chiffre qui dépasse largement les 7 312 enfants initialement ciblés, démontrant une forte mobilisation communautaire face à la menace sanitaire.
Mais comment expliquer ce sursaut vaccinal dans une région marquée par l’instabilité ? Pour comprendre, il faut revenir aux origines de cette campagne urgence rougeole RDC. Depuis le mois de mai, les centres de santé, notamment celui de Kasheembe, ont signalé une recrudescence alarmante de cas. La rougeole Nord-Kivu n’est malheureusement pas une nouveauté, mais cette alerte prolongée a sonné le tocsin. Le gouvernement, par le biais du ministère de la Santé, a donc décidé d’intervenir de manière ciblée pour briser la chaîne de transmission.
La stratégie mise en place a privilégié des points de vaccination fixes dans les centres de santé de Kasheembe et de Rubaya. Une approche qui a visiblement porté ses fruits, comme en témoigne la satisfaction des acteurs de terrain. Les mères, ayant vu les conséquences dévastatrices de la maladie au sein de leurs communautés, se sont déplacées en nombre. Ce taux de participation exceptionnel est un signal fort dans la lutte pour la santé publique Nord-Kivu.
Quels sont les risques réels de la rougeole, pour qu’elle mobilise une telle réponse ? Souvent perçue à tort comme une maladie infantile bénigne, la rougeole est en réalité une infection virale extrêmement contagieuse et potentiellement mortelle, surtout chez les jeunes enfants malnutris. Elle se manifeste par une forte fièvre, une toux, un écoulement nasal, une conjonctivite et l’apparition caractéristique de plaques rouges sur le corps. Les complications peuvent être sévères : pneumonies, encéphalites (inflammations du cerveau), cécité, ou diarrhées sévères entraînant une déshydratation. Dans des régions où l’accès aux soins est limité, comme dans certaines parties du Masisi, le taux de létalité peut atteindre des sommets.
La vaccination enfants Masisi constitue donc le seul bouclier véritablement efficace. Le vaccin, sûr et disponible, protège non seulement l’enfant qui le reçoit mais contribue aussi à l’immunité collective, protégeant ceux qui ne peuvent pas être vaccinés pour des raisons médicales. Cette campagne ponctuelle, aussi réussie soit-elle, ne doit pas faire oublier l’importance capitale du calendrier vaccinal de routine. Les experts en santé publique ne cessent de le répéter : une dose ne suffit pas. Le respect du schéma complet est essentiel pour une protection durable contre la rougeole et d’autres maladies évitables.
Au-delà des chiffres encourageants, cette opération met en lumière le lien tragique entre sécurité et santé. Un leader communautaire de Katoyi a souligné avec justesse que la résurgence d’épidémie rougeole Congo n’est qu’une des facettes dramatiques de l’instabilité qui mine la région. Les conflits perturbent les systèmes de santé, empêchent les équipes mobiles de circuler, coupent les communautés de l’accès aux soins de base et créent des conditions idéales pour la propagation des maladies. Instaurer une paix durable n’est donc pas seulement un impératif politique ou humanitaire ; c’est une condition sine qua non pour renforcer la résilience sanitaire de toute une région.
Que retenir de cette campagne ? D’abord, que la mobilisation communautaire est possible et efficace face à une urgence sanitaire. Ensuite, que le vaccin reste l’outil le plus puissant pour prévenir des tragédies. Enfin, que la bataille contre la rougeole ne se gagnera pas par des campagnes sporadiques seules. Elle nécessite un plaidoyer continu pour la vaccination de routine, un accès équitable aux services de santé et, en filigrane, un environnement sécurisé permettant aux efforts de prévention de porter leurs fruits. La vigilance reste de mise, car le virus, lui, ne connaît pas de trêve.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
