Le football congolais retient son souffle. Dans une décision aux allures de marathon administratif, la FIFA a une nouvelle fois repoussé l’échéance électorale au sein de la Fédération Congolaise de Football (FECOFA). Le mandat du Comité de normalisation, censé être une solution transitoire, est prolongé jusqu’au 15 avril 2026. Une mesure qui souligne l’ampleur de la crise et reporte encore les espoirs d’un retour à une gouvernance démocratique.
Cette prolongation, actée par la Fédération Internationale le 17 décembre dernier et confirmée par un document officiel, sonne comme un constat d’échec cuisant. Initialement installé le 3 juillet 2025 et dirigé par l’infatigable Mme Belinda Luntadila Nzuzi, le Comité avait pour feuille de route claire : organiser des élections libres et transparentes avant la fin de la même année. Mission impossible ? Les obstacles se sont dressés, plus nombreux et plus solides que prévu, transformant la piste en véritable champ de mines.
Les raisons de cette extension sont aussi accablantes que complexes. La FIFA elle-même pointe du doigt un cocktail explosif de dysfonctionnements : irrégularités persistantes au sein des ligues provinciales, ingérences jugées inacceptables des autorités publiques dans les affaires footballistiques, et une situation financière au bord du gouffre. Ce dernier point est crucial. Le litige avec l’ancien équipementier O’Neills, véritable épée de Damoclès, a entraîné le gel pur et simple des comptes bancaires de la FECOFA. Comment envisager un processus électoral crédible lorsque la caisse est vide et verrouillée ? Pour la FIFA et la Confédération Africaine de Football (CAF), la réponse est sans appel : c’est impossible.
Le message de Zurich est clair. Avant de penser aux urnes, il faut assainir les terrains. La priorité absolue du Comité de normalisation, désormais doté de plus de temps, sera de déminer le paysage. Stabilisation juridique pour apurer les contentieux, assainissement financier pour redonner de l’oxygène à l’institution, et mise en conformité des statuts des ligues pour garantir un scrutin équitable. La tâche est herculéenne, mais elle est le prix à payer pour sortir de l’impasse.
Cette nouvelle prolongation ne fait pas que reporter une échéance ; elle interroge profondément sur la gouvernance du football congolais. Jusqu’où peut s’étirer une « normalisation » ? Le risque est de voir cette structure d’exception s’installer dans la durée, créant une forme de gouvernance parallèle sous tutelle internationale. Pour les clubs, les joueurs et les millions de supporters, l’attente devient une épreuve. Les compétitions nationales peuvent-elles se dérouler sereinement dans ce climat d’incertitude institutionnelle permanente ?
Le travail de Mme Luntadila Nzuzi et de son équipe prend désormais une dimension historique. Ils ne doivent pas seulement préparer des élections ; ils doivent reconstruire les fondations d’une maison FECOFA fissurée de toutes parts. La confiance des instances internationales est là, matérialisée par cette prolongation, mais elle s’accompagne d’une pression immense. Les acteurs du football congolais observent, parfois avec impatience, parfois avec scepticisme. La balle est dans le camp du Comité, mais le terrain est glissant.
L’horizon 2026 se profile donc comme une ultime chance. Une date butoir au-delà de laquelle le football congolais ne pourra plus se contenter de reports et de comités. La communauté footballistique nationale et internationale exige des résultats tangibles. Cette crise de la FECOFA, devenue chronique, étouffe les ambitions et bride le développement du sport le plus populaire du pays. Le temps des diagnostics est révolu ; place maintenant à l’action concrète. L’enjeu dépasse la simple tenue d’un vote ; il s’agit de redonner sa crédibilité et son âme au football congolais. Le compte à rebours est relancé, mais la montre tourne toujours.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
