Le football congolais retient son souffle. Dans une décision lourde de conséquences, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) a une nouvelle fois prolongé le mandat du Comité de normalisation de la FECOFA. Initialement chargé d’assainir les finances et d’organiser des élections avant la fin de l’année 2025, le comité piloté par Mme Belinda Luntadila Nzuzi voit sa mission étendue jusqu’au 15 avril 2026. Un coup de massue pour les acteurs du ballon rond en République Démocratique du Congo, qui espéraient une transition rapide vers des instances démocratiquement élues.
La nouvelle, officialisée par un document de la FIFA daté du 17 décembre 2025 et confirmée ce mercredi 24 décembre, révèle l’ampleur des problèmes qui minent la gouvernance du football national. Comment en est-on arrivé là ? La réponse se niche dans un enchevêtrement de crises : des dysfonctionnements internes persistants, des irrégularités flagrantes dans plusieurs ligues provinciales, et des ingérences répétées d’autorités publiques dans les affaires sportives. Autant d’obstacles qui ont paralysé le processus électoral et forcé la main des instances mondiales et continentales.
Mais le principal nœud gordien reste financier. Le litige avec l’ancien équipementier O’Neills a plongé la Fédération Congolaise de Football dans une tourmente sans précédent. La conséquence directe et brutale ? Le gel des comptes bancaires de la FECOFA. Cette mesure asphyxie littéralement l’institution, la privant de toute marge de manœuvre et compliquant considérablement l’organisation d’un scrutin crédible. La FIFA et la Confédération Africaine de Football (CAF) sont formelles : dans ces conditions, des élections libres, équitables et transparentes sont une pure chimie. La priorité absolue est désormais la stabilisation juridique et financière de la maison football congolaise.
La mission du Comité de normalisation dirigé par Belinda Luntadila Nzuzi prend donc une nouvelle dimension. Il ne s’agit plus seulement de préparer un calendrier électoral, mais de procéder à un véritable sauvetage en règle. Les défis sont colossaux : débloquer la situation financière, apurer les dettes, restaurer une gouvernance intègre au sein des ligues et, enfin, créer un environnement sain pour que les clubs et les provinces puissent s’exprimer librement dans les urnes. Un marathon administratif et politique de plus de quinze mois qui s’annonce.
Cette prolongation sonne-t-elle comme un échec ou une nécessité ? Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’un constat réaliste, aussi douloureux soit-il. Organiser des élections football RDC dans la précipitation, sur des bases aussi fragiles, aurait été un risque majeur. Le spectre d’une nouvelle crise post-électorale, avec des contestations en série, planait. La FIFA, en accord avec la CAF, a donc choisi la prudence, préférant une transition plus longue mais espérée plus solide.
L’impact sur le football de terrain est immédiat. Dans les couloirs des stades et les sièges des clubs, l’attente se mue en impatience, voire en frustration. Les projets sportifs à long terme peinent à se dessiner en l’absence d’une direction fédérale légitime et pérenne. Les questions fusent : cette période de normalisation supplémentaire sera-t-elle mise à profit pour des réformes profondes ? Ou ne sera-t-elle qu’un répit avant de nouvelles tempêtes ? La crédibilité du Comité de normalisation FIFA est désormais en jeu, tout comme l’avenir immédiat du football congolais.
Le compte à rebours est relancé. Jusqu’en avril 2026, la balle est dans le camp de Belinda Luntadila Nzuzi et de son équipe. Leur feuille de route est claire : assainir, restructurer, puis organiser. Le chemin vers des élections apaisées est semé d’embûches, mais il constitue l’unique voie possible pour redonner au football de la RDC sa grandeur et sa sérénité. Le monde du football congolais, des passionnés aux professionnels, retiendra son souffle et observera, espérant que cette ultime prolongation sera la bonne.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
