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CSAC : 45 jours de suspension pour des chaînes pirates de la CAN

Ce mardi 23 décembre 2025, des milliers de Congolais ont allumé leur téléviseur pour un rendez-vous footballistique, mais ont découvert, stupéfaits, un écran noir ou un message de suspension. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a pris une décision radicale en suspendant pour quarante-cinq jours plusieurs chaînes de télévision émettant à l’échelle nationale. La raison invoquée est sans appel : un piratage de signal CAN à grande échelle et une diffusion illégale de matchs de la Coupe d’Afrique des Nations, retransmis sans l’autorisation des détenteurs légaux des droits.

« Je comptais regarder le quart de finale avec des amis, et d’un coup, plus de signal. On s’est sentis abandonnés », témoigne Jean, un habitant de Lubumbashi, résumant la frustration de nombreux téléspectateurs. Les chaînes visées par cette suspension de chaînes télévision sont pourtant des noms familiers dans le paysage médiatique congolais : Bula Matadi TV, RTM, Bsport TV, CRTV, Central TV, De la Foi TV, Kinshasa TV, RTEC, Six TV, Sport7-TV, Shaloom TV, Dynamique TV, Fire TV, Magloire TV, M6 TV, Mwangaza TV, RTIV, Al Fajiri TV, Hero TV, sans oublier plusieurs déclinaisons régionales de CRTV et RTM. Ces médias congolais, basés à Kinshasa, Lubumbashi, Matadi, Kolwezi et Likasi, sont désormais sous le coup d’une interdiction de diffusion.

Le CSAC qualifie cette pratique de « violation grave » des règles en matière de communication audiovisuelle et de droits d’auteur. « Ces médias ont porté atteinte aux droits exclusifs des détenteurs officiels de diffusion », a précisé l’institution dans son communiqué. Cette décision soulève immédiatement une série de questions. Jusqu’où peut aller la régulation pour protéger la propriété intellectuelle ? Et quel est l’impact réel sur un public avide d’accéder à des événements sportifs majeurs, souvent perçus comme un bien commun ?

Derrière la sanction, c’est tout un écosystème médiatique fragile qui tremble. Pour nombre de ces chaînes, souvent de taille modeste, la retransmission de grands événements comme la CAN est un vecteur crucial d’audience et de revenus publicitaires. « Nous n’avons pas les moyens de payer les droits exorbitants demandés par les diffuseurs internationaux. Alors on se débrouille », confie, sous couvert d’anonymat, un responsable d’une des télévisions suspendues. Cette « débrouille » a un coût légal considérable, et le CSAC semble décidé à faire respecter la loi, rappelant que le piratage signal CAN sape les bases économiques du sport et de la production audiovisuelle.

La situation met en lumière les tensions persistantes entre l’accès à l’information et le respect du droit. D’un côté, une partie de la population, aux revenus limités, dépend de ces chaînes pour suivre l’actualité sportive nationale. De l’autre, les ayants droit et les autorités régulatrices insistent sur la nécessité de structurer un marché audiovisuel viable et respectueux. Cette suspension de chaînes télévision massive interroge également sur l’efficacité des modèles de distribution des contenus en RDC. Les offres légales sont-elles suffisamment accessibles et abordables pour tous ?

Au-delà de l’aspect sportif, cette affaire touche au cœur de la régulation des médias congolais. Le CSAC affirme son rôle de gendarme, dans un secteur parfois perçu comme un Far West. Cependant, certains observateurs s’interrogent sur la proportionnalité de la sanction. Quarante-cinq jours sans émettre, c’est une éternité dans le monde des médias, avec des risques de faillite pour les plus petits acteurs. Cette décision va-t-elle réellement éradiquer les pratiques de diffusion illégale matchs, ou simplement les repousser vers d’autres canaux, plus souterrains ?

La conclusion de cette affaire dépasse le simple cadre d’un match de football. Elle pose des enjeux sociétaux majeurs : la protection de la création et des investissements, l’accès équitable à la culture et au sport, et la viabilité économique d’un paysage médiatique pluraliste. La balle est désormais dans le camp des médias sanctionnés, qui devront revoir leurs pratiques, mais aussi dans celui des distributeurs de droits et des pouvoirs publics, invités à imaginer des solutions plus inclusives. L’équation est complexe, mais essentielle pour l’avenir de l’audiovisuel en République Démocratique du Congo.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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