La victoire était là, arrachée dans la sueur et la tension. Mais dans les coulisses de ce succès ténu de la RDC face au Bénin (1-0) ce mardi 23 décembre, un épisode pour le moins surprenant est venu rappeler à quel point chaque détail peut peser lourd dans le tournoi phare du continent. Alors que les Léopards venaient de décrocher trois points précieux pour leur entrée en lice à la CAN 2025, l’un de leurs artisans, Samuel Moutoussamy, a vécu les derniers instants du match au bord du gouffre, confronté à un arbitre intraitable.
Épuisé, victime d’une crampe au mollet en plein temps additionnel, le milieu de terrain du FC Nantes voulait simplement boire une gorgée d’eau et reprendre sa place dans la bataille. Une intention logique pour un guerrier du rectangle vert. Mais l’officiel en noir en a décidé autrement. La scène, racontée par le principal intéressé en zone mixte, est édifiante. « J’ai dit à l’arbitre que je n’avais qu’une crampe au mollet. Je voulais juste boire un peu d’eau et revenir sur le terrain, sans civière », confie Moutoussamy. La réponse du gardien du jeu fut sans appel : « Non, tu montes sur la civière, sinon je te mets un carton jaune. » Un ultimatum sous peine d’expulsion.
Imaginez la situation : la victoire RDC football tremblait encore, le Bénin poussait désespérément, et un titulaire clé, déjà averti à la 20e minute, se voyait menacé d’un carton rouge non pour un tacle dangereux ou une protestation, mais pour avoir refusé une évacuation protocolaire. La décision de l’arbitre, aussi surprenante soit-elle pour le joueur, s’appuie sur une règle bien précise de l’IFAB, l’instance qui régit les lois du jeu. L’article 5.3 sur les pouvoirs et devoirs de l’arbitre stipule en effet que les joueurs doivent se conformer aux instructions officielles, y compris celles relatives aux soins médicaux.
Face à cette mise en demeure, Samuel Moutoussamy a fait preuve d’une lucidité exemplaire. Un second avertissement aurait signifié l’expulsion et, dans la foulée, une suspension pour le prochain match. Dans la tourmente d’une CAN 2025 qui démarre, perdre un élément aussi important pour une histoire de civière aurait été un drame. « J’en avais déjà un, donc je n’ai pas hésité longtemps. C’est un point du règlement que je ne connaissais pas, sûrement », admet-il, philosophe. Cette anecdote, loin d’être anecdotique, en dit long sur l’extrême tension qui régnait et sur le degré d’exigence dès ce premier match du groupe.
Cet incident arbitrage CAN met en lumière la pression immense qui pèse sur les épaules de tous les acteurs. Pour l’arbitre, soucieux du strict respect des procédures et de la gestion du temps. Pour le joueur, tiraillé entre son instinct de combattant et la raison qui lui commande de penser à la suite du tournoi. Cet épisode pourrait-il avoir affecté la concentration finale de l’équipe ? La réponse est non, car les Léopards ont tenu bon, protégeant leur but comme un trésor national. Mais il soulève une question fascinante : jusqu’où la rigueur règlementaire doit-elle primer sur le bon sens sportif dans des moments aussi critiques ?
Finalement, l’image de Samuel Moutoussamy quittant le terrain sur une civière, non par nécessité médicale absolue mais par obligation arbitrale, restera comme le symbole curieux de cette entrée en matière des Congolais. Une entrée victorieuse, certes, mais qui n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. Cette victoire RDC football, minime sur le papier, prend une saveur particulière. Elle est le fruit d’une abnégation collective, où même les drames personnels, comme la menace d’une expulsion absurde, ont été surmontés pour le collectif.
L’essentiel est donc préservé. Les Léopards ont leurs trois points, et Moutoussamy évite la suspension. Cette alerte aura peut-être servi de piqûre de rappel : en Coupe d’Afrique des Nations, la guerre se joue aussi sur le terrain réglementaire. Il faut maîtriser tous les paramètres, même les plus inattendus. Le parcours en CAN 2025 est encore long, mais la première épreuve, à la fois sportive et psychologique, a été passée. La leçon, elle, a été retenue : dans la chaleur de la compétition, mieux vaut parfois accepter la civière que de défier le carton rouge. La suite du tournoi nous dira si cette sagesse acquise dans la douleur d’une crampe sera un atout pour les ambitions congolaises.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: footrdc.com
