Une unité d’élite des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) vient de franchir un cap décisif dans sa préparation opérationnelle. Ce jeudi, 180 militaires, issus de l’unité TIGRE et du Bataillon RECONNAISSANCE, ont officiellement clôturé une formation intensive de quatre semaines dédiée au combat en milieu de jungle. Cette session spécialisée, dispensée par des instructeurs brésiliens de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), s’inscrit dans le cadre du renforcement continu des capacités armées congolaises. Elle vise spécifiquement à aguerrir les troupes appelées à intervenir dans les zones forestières difficiles d’accès de l’Ituri, théâtre d’incessantes violences.
La formation, qui s’est déroulée du 24 novembre au 17 décembre, a combiné théorie et exercices pratiques d’une intensité rare. Pour la partie théorique, les soldats RDC se sont rendus au camp Jango des FARDC. Les modules pratiques, quant à eux, ont été conduits au camp Ndoromo de la MONUSCO. Le curriculum était ambitieux et taillé sur mesure pour les défis sécuritaires de la région. Les hommes ont été formés à la maîtrise des outils de navigation essentiels en environnement fermé, comme la boussole et le GPS. Le cœur de l’enseignement a porté sur les mouvements tactiques et les techniques de combat en jungle, un savoir-faire crucial pour débusquer les groupes armés retranchés dans la dense végétation de l’Ituri.
Au-delà du combat pur, le programme a intégré des compétences avancées de projection et d’intervention. Les militaires ont ainsi pratiqué des exercices de descente en rappel depuis un hélicoptère, une méthode rapide d’infiltration dans des zones isolées. Les techniques de tirs en forêt, où la visibilité est réduite et les cibles mobiles, ont également été peaufinées. Comment optimiser une patrouille, mener une embuscade ou sécuriser une clairière ? Autant de questions auxquelles cette formation a apporté des réponses concrètes. Parallèlement, et conformément aux standards internationaux, des notions sur les droits de l’homme et la lutte contre les violences sexuelles ont été inculquées aux stagiaires, rappelant l’impératif d’une conduite professionnelle et respectueuse des populations civiles.
Lors de la cérémonie de clôture, le colonel Atila, du contingent brésilien chargé de l’instruction, a salué l’engagement des participants. Pour lui, cette remise à niveau illustre sans équivoque la détermination de la MONUSCO à appuyer les FARDC dans leur mission fondamentale : le rétablissement d’une paix durable en Ituri. « Cette collaboration opérationnelle est un pilier de notre mandat », a-t-il souligné, confirmant ainsi l’axe stratégique du renforcement des capacités des forces armées congolaises sur le terrain. Le commandant de la 32e région militaire, le général Antoine David Mushimba, représentant le gouverneur, a pour sa part exhorté les militaires fraîchement formés. Il les a appelés à mettre immédiatement en pratique, sur le terrain, l’ensemble des notions techniques et éthiques acquises, et ce « au profit exclusif de la nation ».
Cette session n’est pas un événement isolé. Elle s’inscrit dans un effort de formation massif et continu. Depuis le début de l’année 2025, ce sont ainsi plus de 1 000 militaires des FARDC qui ont bénéficié de formations spécialisées dispensées par les casques bleus de la MONUSCO. Cette montée en puissance des compétences vise à créer une armée plus réactive, plus professionnelle et mieux équipée pour faire face à la complexité des conflits dans l’Est de la RDC. Le combat en jungle, en particulier, représente un défi de taille dans une région où la géographie offre un refuge naturel aux groupes négatifs.
Mais cette formation suffira-t-elle à inverser la donne sécuritaire ? Si l’acquisition de savoir-faire techniques est indispensable, son efficacité réelle se mesurera à l’aune des opérations sur le terrain. La capacité des unités formées à appliquer ces tactiques de manière coordonnée, couplée à un soutien logistique et renseignement adéquat, sera le véritable test. Le renforcement des capacités armées, notamment à travers des programmes comme celui-ci, reste une pièce maîtresse du puzzle sécuritaire. L’engagement de la MONUSCO Ituri, via ses experts brésiliens, démontre une volonté de transfert de compétences concret. L’enjeu est désormais de pérenniser cet effort et de permettre aux FARDC d’atteindre une autonomie tactique complète dans la gestion de ces théâtres d’opérations complexes, pour enfin ramener la sérénité dans les provinces meurtries.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
