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RDC : 289 civils tués en novembre malgré une baisse des incidents sécuritaires

Le paysage sécuritaire de l’est de la République démocratique du Congo présente un visage contrasté et alarmant pour le mois de novembre 2025. Selon le dernier Baromètre sécuritaire Kivu, outil de l’Institut de recherche Ebuteli, 226 incidents sécuritaires RDC ont été documentés. Ce chiffre marque une diminution de 5% par rapport au mois d’octobre. Cependant, cette apparente amélioration statistique dissimule une réalité bien plus sombre et meurtrière.

En effet, le nombre de civils ayant perdu la vie a connu une augmentation vertigineuse. Pas moins de 289 personnes ont été tuées, contre 205 le mois précédent. Cette hausse brutale interpelle et questionne l’efficacité des mécanismes de protection des populations. Comment une baisse du nombre d’incidents peut-elle coïncider avec une escalade aussi dramatique de la violence contre les civils ? La réponse se niche dans la nature et la localisation des attaques.

Le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, confirme une fois de plus son statut d’épicentre de l’horreur. Les violences Nord-Kivu novembre 2025 se sont concentrées dans le secteur de Bapere et la chefferie des Baswagha. À elles seules, ces zones ont enregistré le décès de 121 civils, dont 22 femmes. La brutalité des assaillants ne semble connaître aucune limite, transformant des villages entiers en champs de tragédie.

Dans l’ombre d’une médiatisation souvent focalisée sur d’autres conflits, les Forces démocratiques alliées (ADF) conservent leur sinistre couronne. Le rapport identifie ce groupe comme le plus meurtrier de l’Est congolais. Leur zone d’action ne se limite plus au Nord-Kivu ; elle s’étend désormais fermement en Ituri, notamment dans les territoires de Mambasa et Irumu. Les activités des ADF est Congo sont multiples et insidieuses : attaques ciblées contre les bases de l’opération Shujaa, imposition de taxes illégales aux communautés vivant dans la terreur, et même campagnes de prosélytisme religieux.

Le document du Baromètre fait ainsi état d’un meeting tenu le 5 novembre au village Elake, dans le territoire de Mambasa, au cours duquel des prêches pour la conversion à l’islam ont été dispensées. Cette stratégie multidimensionnelle – militaire, économique et idéologique – renforce l’emprise du groupe et complique toute réponse sécuritaire purement conventionnelle.

Sur un autre front, les espoirs nés de la diplomatie ont été rapidement douchés. L’accord-cadre signé à Doha le 15 novembre n’a pas réussi à imposer le silence des armes dans les Kivu. Au contraire, la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et sa branche armée, le M23, ont profité de cette période pour consolider et étendre leurs gains territoriaux. Leur AFC M23 avancée s’est poursuivie résolument vers l’ouest et le sud, marquant des points stratégiques inquiétants.

Les rebelles ont atteint la localité de Maimingi dans le territoire de Shabunda, et plus au sud, Kasika dans le territoire de Mwenga au Sud-Kivu. Cette expansion continue témoigne d’une capacité opérationnelle intacte et remet en cause la crédibilité des engagements pris à la table des négociations. La communauté internationale peut-elle se contenter de constater cette progression sans réaction ferme ?

Face à cette pression, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont été contraintes de réagir. Des frappes militaires ont été menées contre les positions tenues par la coalition MRDP–Twirwaneho, Red Tabara, FNL et AFC/M23 dans les hauts plateaux de Mwenga. Des opérations spécifiques sont mentionnées, comme celles menées à Mikenge 1 le 15 novembre, puis à Rwisankuku et Tuwetuwe le 17 novembre. Ces actions démontrent une volonté de contrer l’avancée rebelle, mais leur impact à long terme sur la dynamique globale du conflit reste à évaluer.

Le tableau dressé par le Baromètre sécuritaire pour novembre 2025 est donc celui d’une conflictualité qui se transforme plus qu’elle ne régresse. La baisse du nombre d’incidents est un leurre statistique masquant une intensification qualitative de la violence, dont les civils paient le prix le plus lourd. La diversification des modes d’action des groupes armés, comme le montre le cas des ADF, et la poursuite des conquêtes territoriales malgré les accords de paix, illustrent la complexité et la ténacité des crises qui ravagent l’Est congolais.

Les données recueillies par Ebuteli servent de cri d’alarme. Elles rappellent que derrière les chiffres se cachent des vies brisées, des familles décimées et des communautés entières plongées dans le deuil et l’insécurité. La réponse ne peut être uniquement militaire. Elle doit intégrer de manière urgente une protection robuste des populations civiles, un soutien humanitaire accru et une pression politique renouvelée sur tous les acteurs pour qu’ils déposent les armes et s’engagent sur la voie du dialogue. L’avenir immédiat de la région dépend de la capacité à traduire ce constat tragique en actions concrètes et efficaces.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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