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Accords de Washington impuissants : MSF alerte sur l’horreur qui perdure dans l’est de la RDC

Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, la voix de Médecins Sans Frontières a retenti avec une froide clarté. Le 12 décembre, Javid Abdelmoneim, président international de l’ONG, a dressé un bilan accablant de la situation humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo. Son constat est sans appel : les initiatives diplomatiques récentes, dont les accords de Washington entre la RDC et le Rwanda, n’ont pas réussi à enrayer l’engrenage des violences. Au contraire, l’offensive du mouvement rebelle M23, soutenu par Kigali, s’est intensifiée, culminant par la prise temporaire de la ville stratégique d’Uvira, au Sud-Kivu.

Selon Abdelmoneim, les efforts de paix en cours semblent davantage servir à consolider des intérêts économiques et extractifs qu’à soulager les souffrances des populations civiles. « Rien de tout cela n’est nouveau », a-t-il asséné, dénonçant des décennies de prédation des ressources et de négligence structurelle. Cette analyse remet en question l’efficacité réelle des pourparlers de haut niveau, alors que sur le terrain, le conflit dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu continue de faire rage.

Les chiffres avancés par MSF illustrent une catastrophe humanitaire d’une ampleur vertigineuse. Durant les six premiers mois de l’année, près de 28 000 survivants de violences sexuelles ont sollicité des soins dans les structures soutenues par l’organisation dans l’est du pays. Cela représente une moyenne de 155 personnes par jour, un chiffre qui traduit une banalisation terrifiante de ces atrocités. Trois agressions sur quatre seraient le fait d’hommes armés, agissant en toute impunité dans les champs, sur les routes ou au sein des foyers.

L’accès aux soins est gravement entravé. Au Nord et au Sud-Kivu, la moitié des zones de santé manqueraient de traitements prophylactiques post-exposition, privant les survivants de soins essentiels pour prévenir les infections ou les grossesses non désirées. « Beaucoup de survivants arrivent trop tard… Beaucoup n’arrivent jamais », a déploré le représentant de MSF, pointant du doigt l’insuffisance criante des moyens médicaux.

La violence n’épargne personne. Les forces étatiques, les groupes armés comme le M23, les FDLR, les ADF, ou encore les milices d’autodéfense wazalendo sont tous accusés de violations graves du droit international humanitaire. Exécutions sommaires, pillages et entraves à l’aide humanitaire sont monnaie courante. À l’hôpital de Rutshuru, les admissions liées aux traumatismes ont augmenté de 67% en juillet. Plus de 80% des victimes par balle admises dans les structures MSF durant l’été étaient des civils.

Le personnel médical et les infrastructures sont directement pris pour cible. Il y a quelques semaines à peine, le centre de santé de Kazinga à Masisi, clairement identifié comme une structure MSF, a été pillé et détruit par une milice wazalendo. Trois employés de l’ONG ont perdu la vie cette année. Des ambulances sont régulièrement stoppées sous la menace d’armes à feu, et des acteurs armés prennent d’assaut les hôpitaux, semant la terreur parmi les patients et le personnel soignant.

Cette intervention au Conseil de sécurité de l’ONU intervient dans un contexte géopolitique particulièrement tendu. La capture d’Uvira par le M23, suivie d’un retrait sous pression américaine, a été perçue comme un camouflet pour les signataires des accords de Washington. Ces derniers, conclus sous l’égide des États-Unis entre Kinshasa et Kigali, devaient pourtant acter un cessez-le-feu et ouvrir la voie à une désescalade dans la région des Grands Lacs.

En réalité, la situation sécuritaire n’a fait que se dégrader. Le retrait des rebelles d’Uvira ne masque pas leur mainmise grandissante sur de vastes territoires. Les accusations mutuelles entre la RDC et le Rwanda concernant la responsabilité de cette détérioration se multiplient, tandis que la population civile continue de payer le prix fort. Comment expliquer que les engagements diplomatiques les plus solennels restent sans effet sur le terrain ? La réponse, selon MSF, réside dans la priorité donnée aux intérêts économiques sur la protection des vies humaines.

Le tableau dressé par Médecins Sans Frontières est celui d’un effondrement systémique. Les mécanismes de protection communautaire sont inexistants, et la culture de l’impunité règne en maître. Les violences sexuelles, utilisées comme arme de guerre depuis des décennies, atteignent une échelle inimaginable, reflétant l’échec profond de la communauté internationale à imposer le respect du droit humanitaire. Le chemin vers la paix semble plus long que jamais, pavé de bonnes intentions diplomatiques mais jonché de corps et de vies brisées. Tant que les civils seront considérés comme sacrifiables, aucun accord, aussi médiatisé soit-il, ne mettra un terme à cette tragédie.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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