La ville frontalière de Kasumbalesa, dans le Haut-Katanga, est en état de choc après la découverte macabre d’une dizaine de corps sans vie dans la brousse ce mardi 16 décembre. Parmi les victimes, plusieurs ont été identifiées comme des motocyclistes, plongeant la communauté locale dans la consternation. Cette série de meurtres barbares relance avec acuité la question de l’insécurité persistante dans cette région de la République démocratique du Congo.
Comment une telle tragédie a-t-elle pu se produire en plein jour, à quelques kilomètres seulement d’un poste frontalier aussi important ? Les premiers éléments de l’enquête, basés sur le témoignage d’un survivant, dessinent un scénario d’une brutalité inouïe. Un motocycliste a en effet réchappé de justesse à une agression mortelle. Peu avant midi, deux individus se sont présentés à lui comme des clients, exigeant d’être transportés sur la route reliant Lubumbashi à Kasumbalesa, à environ dix kilomètres de la frontière.
Le véhicule a été dirigé vers une zone reculée de brousse, parsemée de constructions inachevées. Là, le piège s’est refermé. Les deux pseudo-clients ont soudainement attaqué le conducteur, tentant de l’étrangler avec une corde. Quatre autres complices sont alors sortis des fourrés pour le passer à tabac. Convaincus de l’avoir tué, les agresseurs ont saisi sa moto et ont pris la fuite, abandonnant le motocycliste laissé pour mort.
Après plusieurs heures d’inconscience, le rescapé a miraculeusement repris ses esprits. En se libérant, c’est l’horreur absolue qu’il a découverte : plusieurs corps gisaient sans vie, dispersés dans la brousse environnante. Pris de panique, il a immédiatement alerté les forces de l’ordre et ses collègues motocyclistes. Une équipe policière, accompagnée du maire de Kasumbalesa, André Kapampa, s’est précipitée sur les lieux du drame.
Le bilan est lourd : une dizaine de cadavres ont été retrouvés, certains portant des traces de violences extrêmes. Grâce aux pièces d’identité retrouvées sur les victimes, plusieurs ont pu être formellement identifiées. Il s’agirait, pour la majorité d’entre elles, de motocyclistes bien connus dans la ville, exerçant le métier de taxi-moto. Cette révélation a instantanément semé la terreur parmi les centaines de conducteurs qui font vivre l’économie locale. Pourquoi ces motocyclistes assassinés sont-ils systématiquement pris pour cible ?
Face à cette hécatombe, les autorités locales ont réagi avec célérité. Le maire André Kapampa a lancé un appel solennel au calme et à la vigilance, tout en assurant que tous les moyens seraient déployés pour traquer les coupables. Des réunions de crise se sont multipliées pour élaborer des stratégies visant à renforcer la sécurité. Les services de police et de renseignement ont été mis en alerte maximale, et des patrouilles supplémentaires ont été déployées sur les axes sensibles, notamment la route Lubumbashi-Kasumbalesa, théâtre récurrent d’attaques similaires.
L’insécurité dans le Haut-Katanga, et plus spécifiquement à Kasumbalesa, n’est malheureusement pas un phénomène nouveau. Cette ville-carrefour, vitale pour les échanges commerciaux avec la Zambie, est régulièrement le lieu d’affrontements et d’activités criminelles en tout genre. Les meurtres en brousse, comme ceux qui viennent de frapper, soulignent cruellement la vulnérabilité des populations et la nécessité impérieuse d’une coopération sécuritaire renforcée, tant au niveau national que transfrontalier.
Les enquêtes se poursuivent à un rythme soutenu pour identifier les auteurs de ces tueries. Les forces de l’ordre procèdent actuellement à la collecte d’indices sur place et au recueil de témoignages auprès des proches des victimes et des habitants. La piste d’un crime organisé, ciblant délibérément les motocyclistes pour voler leurs engins ou dans le cadre de règlements de comptes, est sérieusement envisagée. Les autorités promettent des avancées rapides, mais la population, meurtrie, attend des actes concrets.
En attendant des réponses, les familles des victimes sont plongées dans le deuil, et l’ensemble de la cité de Kasumbalesa vit dans la psychose. Cette nouvelle tragédie met en lumière les défis immenses de la sécurité dans l’est de la RDC. Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que des mesures décisives ne soient prises pour protéger les citoyens ? La question reste entière, alors que les corps retrouvés dans la brousse de Kasumbalesa viennent rappeler, de la manière la plus cruelle, l’urgence absolue de la situation.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
