La province du Maniema s’équipe massivement pour contrer l’une de ses principales menaces sanitaires. En effet, plus de 68 000 ménages sont en train de recevoir des moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action, une intervention majeure dans la lutte contre le paludisme en RDC. Lancée officiellement mardi 16 janvier à Kindu, cette campagne de distribution vise à créer une barrière physique et chimique contre les piqûres de moustiques, vecteurs de la maladie. Comment une simple moustiquaire peut-elle devenir un bouclier salvateur pour des milliers de familles ?
Le paludisme reste un défi de santé publique colossal en République Démocratique du Congo. Cette maladie, transmise par la piqûre d’un moustique femelle infecté, provoque fièvre, maux de tête intenses et grande fatigue. Dans ses formes graves, elle peut entraîner des complications neurologiques, une anémie sévère et devenir mortelle, particulièrement chez les jeunes enfants et les femmes enceintes. La prévention est donc l’arme la plus efficace, et les moustiquaires imprégnées d’insecticide en sont la pierre angulaire. Imaginez ces filets comme des gardes du corps invisibles, qui non seulement empêchent le moustique d’atteindre le dormeur, mais aussi repoussent et tuent l’insecte au contact.
Cette vaste opération est orchestrée par le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), avec le soutien de ses partenaires techniques et financiers. Le vice-gouverneur et gouverneur intérimaire du Maniema a personnellement lancé les activités depuis la tribune centrale de Kindu, soulignant l’engagement des autorités provinciales. Au total, ce sont plus de 2 millions de moustiquaires qui ont été acheminées pour couvrir les besoins des 18 zones de santé que compte la province. Cette campagne paludisme à Kindu et dans toute la région est donc d’une ampleur inédite.
Sur le terrain, le dispositif est bien rodé. Des relais communautaires, formés et organisés en équipes de deux, sillonnent les quartiers et les villages. Leur mission : se rendre dans chaque ménage, procéder à un dénombrement précis et remettre le nombre de moustiquaires adapté à la taille de la famille. Cette méthode de porte-à-porte assure une couverture optimale et un contact direct avec la population. Marie Bahati, mère de famille, témoigne de son soulagement : « Je remercie les relais communautaires parce qu’ils viennent de me donner cinq moustiquaires. Celles-ci serviront uniquement au bien de ma famille. Je vais les utiliser pour dormir avec mes enfants afin de nous protéger contre la malaria. » Son témoignage reflète l’attente et l’adhésion des bénéficiaires.
Mais une telle campagne de distribution de moustiquaires au Maniema n’est pas sans risques de dérive. L’autorité provinciale a tenu à mettre en garde tous les intervenants contre toute tentative de fraude ou de détournement. Corneille Katisamba, représentant provincial, a été très clair : « J’exhorte également la population à être vigilante, car ces moustiquaires sont destinées au bien-être collectif. Le gouvernement provincial assurera le suivi pour prévenir les fraudes, et ceux qui seront pris en flagrant délit seront sanctionnés conformément à la loi. » Cette vigilance est cruciale pour garantir que l’aide atteigne bien ceux qui en ont le plus besoin.
L’opération est d’autant plus stratégique qu’elle est couplée à un dénombrement méticuleux des ménages. Cela permet non seulement de fournir les moustiquaires en quantité suffisante, mais aussi de disposer de données actualisées pour planifier les futures interventions de santé publique. Utiliser correctement une moustiquaire imprégnée est simple : il faut la suspendre au-dessus du lit, la rentrer sous le matelas pour qu’elle tombe bien jusqu’au sol, et la vérifier régulièrement pour s’assurer qu’elle n’est pas déchirée. Il est également recommandé de ne pas la laver trop fréquemment pour préserver l’effet insecticide.
En conclusion, cette distribution massive représente un progrès tangible dans la protection des populations les plus vulnérables. La lutte contre le paludisme en RDC passe impérativement par de telles actions préventives, répétées et de grande envergure. Pour les familles du Maniema, recevoir et utiliser quotidiennement ces moustiquaires peut faire la différence entre une nuit paisible et une maladie potentiellement grave. L’engagement communautaire et le contrôle des autorités sont les deux piliers qui assureront le succès de cette campagne, afin que chaque moustiquaire distribuée devienne un rempart actif dans les foyers.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
