Une vague toxique a déferlé sur Lubumbashi le 4 novembre dernier, répandant le chaos et révélant une fois de plus le visage sombre de l’exploitation minière au Katanga. La rupture d’un bassin de rétention de la société Congo Dongfang Mining (CDM) a libéré des flots d’eau acide dans les quartiers populaires de Kassapa, Kamatete et Kamisepe. Cette pollution minière au Katanga n’est pas un accident isolé, mais le symptôme d’une crise systémique qui ronge la région. Les routes rongées, les parcelles agricoles stérilisées et les marchés contaminés dressent un bilan désastreux. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Les images sont apocalyptiques : un liquide corrosif s’échappant des entrailles de l’industrie, dévorant tout sur son passage. Cette pollution acide à Lubumbashi a non seulement détruit des infrastructures mais a aussi plongé des milliers de familles dans l’angoisse sanitaire. L’acide, utilisé dans les processus d’extraction du cuivre et du cobalt, est un poison insidieux. Il infiltre les sols, contamine les nappes phréatiques et empoisonne la chaîne alimentaire. Les populations, premières victimes de ce désastre écologique, respirent des vapeurs nocives et voient leurs sources d’eau devenir des cocktails mortels. La nature, elle, est mise à genoux : la terre, asphyxiée, ne pourra plus porter de vie avant des années.
Derrière cette catastrophe se cache une vérité troublante : la négligence. Les bassins de rétention, conçus pour contenir ces déchets dangereux, sont souvent sous-dimensionnés ou mal entretenus. L’incident impliquant Congo Dongfang Mining CDM pose de graves questions sur les standards de sécurité appliqués par certaines sociétés. Malgré la suspension des activités de CDM pour trois mois décrétée par les autorités, le mal est fait. Et Lubumbashi n’est malheureusement qu’un épisode dans une longue série. Kolwezi, autre poumon minier, étouffe sous les mêmes nuages de poussière toxique et les rejets non contrôlés. Le Katanga, cœur battant des ressources minières de la RDC, se transforme en paysage lunaire sous l’effet de cette exploitation prédatrice.
Les conséquences vont bien au-delà de l’environnement immédiat. Cette pollution minière au Katanga sape le développement socio-économique de toute une région. L’agriculture locale, déjà fragile, est anéantie sur des hectares. La santé publique est en péril, avec des risques accrus de maladies respiratoires, cutanées et même de cancers. Les routes dégradées entravent la mobilité et l’économie. Le coût de la dégradation environnementale, rarement calculé, est pourtant astronrophique. Qui paiera pour restaurer ces écosystèmes mutilés ?
C’est ici que le dossier de l’indemnisation des dégâts miniers devient brûlant. La suspension temporaire des opérations de CDM est une mesure nécessaire, mais elle reste insuffisante. Les communautés affectées attendent justice et réparation. Or, le processus d’indemnisation est souvent un parcours du combattant, marqué par des lenteurs administratives et des rapports de force inégaux entre multinationales et populations. L’histoire minière de la RDC est jalonnée de promesses non tenues et de dégâts jamais compensés. Cet incident relance le débat crucial sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises extractives. Profite-t-on vraiment des immenses richesses du sous-sol, ou assiste-t-on à un pillage qui laisse derrière lui désolation et dettes écologiques ?
La situation à Kassapa, Kamatete et Kamisepe est un signal d’alarme qui doit retentir dans tout le pays. Elle expose l’urgence de renforcer la régulation du secteur minier, d’imposer des audits environnementaux stricts et de garantir l’application du principe « pollueur-payeur ». Les ressources minières de la RDC doivent être une bénédiction, et non une malédiction. Cela passe par une transparence accrue, un contrôle citoyen et des investissements réels dans des technologies propres. La forêt katangaise, déjà meurtrie, et ses habitants ne peuvent plus attendre. Il est temps que le profit ne se fasse plus au prix du poison. L’équilibre écologique de la région, et donc l’avenir de ses enfants, en dépendent. La vraie question reste : qui est prêt à agir pour que cesse ce cycle infernal de destruction ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
