Dans l’effervescence de la scène musicale urbaine francophone, une voix résonne avec une constance qui ne passe pas inaperçue. Celle de Gims, l’artiste aux multiples certifications, dont les succès inondent les plateformes de streaming depuis 2024. Pourtant, cette omniprésence s’accompagne d’un murmure critique : celui qui reproche à l’ambassadeur de la culture congolaise ses rythmiques répétitives Gims. Une mélodie en apparence monotone qui, pourtant, constitue l’ADN même de son empire sonore. Mais comment un artiste au sommet du succès Gims streaming peut-il assumer une telle signature sans craindre la redite ? La réponse se niche dans la confidence d’un beat devenu légendaire.
L’univers de Gims est une tapisserie riche où les fils du rap et de l’afropop s’entremêlent pour créer une texture unique. Chaque sortie, de « Spider » à « Parisienne », est accueillie comme un événement, portée par une instrumentation qui lui est chère. Cette signature, l’artiste la nomme fièrement le Gims Beat. Loin d’être un hasard, cette pulsation rythmique est le fruit d’une volonté délibérée. « On a un rythme qu’on essaie de mettre en avant que j’ai appelé le Gims Beat. C’est un style que je suis en train d’imposer », confie-t-il lors d’un échange. Sa voix, telle un velours grave, défend une philosophie artistique où la répétition n’est pas synonyme de paresse, mais de persistance visionnaire.
Face à la critique musicale Gims qui pointe une similitude entre ses productions, le maestro oppose l’exemple du reggaeton, un genre dont la rythmique fondamentale n’a, selon lui, jamais dévié. « La rythmique reggaeton par exemple, n’a jamais changé depuis l’aube des temps. Les gens disent que c’est toujours la même chose : mais on est en train de créer un style. Dans 10 ans vous allez voir. » Cette déclaration n’est pas une simple justification ; c’est un manifeste. Gims perçoit sa musique comme l’édification patiente d’un patrimoine sonore, une marque distinctive qui, à force de résonner, finit par s’imposer dans l’inconscient collectif. N’est-ce pas ainsi que naissent les courants majeurs ?
Le style musical Gims est donc une construction méthodique. Chaque beat, chaque nappesynthétique, chaque pattern de percussions sert une identité immédiatement reconnaissable. Pour l’auditeur kinois ou parisien, c’est une invitation à une danse familière, un refuge dans un son qui ne trompe pas. Cette approche, assumée et revendiquée, confère à sa musique une puissance d’évocation rare. Elle transforme la prétendue monotonie en un leitmotiv enivrant, un groove auquel on se suspend avec délice. La répétition, ici, devient rituel, et le rituel, succès.
Sur le plan commercial, le verdict est sans appel : la fidélité à ce Gims Beat paie. Les chiffres de streaming étincellent, les salles de concert vibrent à l’unisson de ces instrumentales qui semblent coulées dans un même moule, mais qui pourtant, portent chaque titre vers une singularité émotionnelle. Gims incarne cette alchimie où la constance rythmique épouse la diversité mélodique et thématique. Son art n’est pas dans la rupture perpétuelle, mais dans la maîtrise et l’approfondissement d’un territoire sonore qu’il a lui-même défriché.
En définitive, le débat sur les rythmiques répétitives Gims dépasse la simple querelle esthétique. Il touche à l’essence de la création dans l’ère du streaming : faut-il sans cesse se renouveler au risque de se perdre, ou assumer une signature pour s’inscrire dans la durée ? Gims a choisi son camp. Avec la sérénité d’un architecte qui sait que son monument prendra forme pierre après pierre, il compose l’épopée de son propre beat. Pour les amateurs de musique en République Démocratique du Congo et au-delà, chaque nouvelle sortie est une promesse tenue, une pièce supplémentaire d’un puzzle qui, dans une décennie, révélera peut-être la pleine dimension de son génie. En attendant, on se laisse porter par ce flot régulier et réconfortant, car dans la répétition réside parfois la véritable révolution.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
