La prison centrale de Kalemie, dans la province du Tanganyika, a été le théâtre d’une opération de transfert massif ce week-end. Près d’une centaine de détenus considérés comme les plus dangereux ont été extraits de l’établissement pénitentiaire pour être acheminés vers d’autres centres de détention du pays, notamment à Kisangani et à Lubumbashi. Cette décision radicale fait directement suite à la violente tentative d’évasion qui a secoué la prison la semaine dernière, mettant en lumière les fragilités sécuritaires de l’infrastructure.
Le ministre provincial de l’Intérieur, Dox Donat Ehale Onowale, a justifié cette mesure par un impératif de sécurité et de désengorgement. « Le Conseil de sécurité a compris qu’il était temps de prendre tous les prisonniers dangereux et de les amener ailleurs », a-t-il déclaré, confirmant le départ des détenus. L’objectif affiché est clair : alléger la pression sur la prison centrale de Kalemie, déjà saturée par l’afflux de détenus en provenance d’Uvira et d’autres zones de tension dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
« L’objectif est de désengorger la prison centrale de Kalemie qui était déjà débordée avec ceux qui sont venus d’Uvira et autres. Et le Conseil de sécurité de prendre cette mesure pour désengorger la prison. Il y a, pour cela, une centaine de prisonniers qui sont partis », a précisé le ministre Ehale Onowale.
Cette opération de transfert de détenus dangereux intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement volatile. La tentative d’évasion, survenue il y a quelques jours, avait été menée par un groupe de militaires incarcérés après avoir fui le front d’Uvira. Leur action, d’une rare violence, a conduit à l’incendie criminel de la direction de la prison et de la totalité des archives administratives, anéantissant des dossiers cruciaux. Les affrontements qui ont suivi ont laissé un bilan lourd : trois détenus blessés par balles et cinq individus en fuite, activement recherchés par les services de sécurité.
Face à cette crise, les autorités provinciales ont réagi avec célérité. La tenue d’un Conseil de sécurité samedi dernier a acté la mesure de transfèrement, considérée comme une réponse immédiate et nécessaire pour rétablir l’ordre et prévenir toute récidive. Le ministre de l’Intérieur a tenu à rassurer la population de Kalemie, affirmant que la situation était désormais sous contrôle. « La situation sécuritaire demeure calme malgré quelques cas isolés », a-t-il assuré, tout en appelant au calme et à la confiance envers les institutions.
Mais au-delà de l’urgence, cette affaire pose des questions plus profondes sur la gestion carcérale et la sécurité dans le Tanganyika. Le transfert de détenus dangereux est-il une solution durable ou un simple palliatif face à la surpopulation chronique des prisons congolaises ? La prison centrale de Kalemie, pointée du doigt pour son état de saturation, symbolise les défis immenses du système pénitentiaire national. Le désengorgement de la prison centrale Kalemie était devenu une priorité absolue, mais le transfert des problèmes vers d’autres établissements ne fait-il que déplacer la menace ?
L’arrivée massive de militaires en provenance de la zone d’Uvira avait considérablement compliqué la donne sécuritaire à Kalemie. Ces éléments, souvent expérimentés et aguerris, ont introduit un niveau de risque supplémentaire dans un environnement déjà fragile. Leur tentative d’évasion de la prison Kalemie a démontré une capacité d’organisation et une violence qui ont pris de court les forces de l’ordre. Les autorités reconnaissent d’ailleurs que le désengorgement était une nécessité impérieuse après cet épisode.
Aujourd’hui, la traque des détenus évadés d’Uvira et de Kalemie se poursuit. Leur fuite représente une préoccupation majeure pour la sécurité au Tanganyika. Les services de sécurité sont en état d’alerte, et des patrouilles ont été renforcées dans la région. La population, bien que appelée au calme, reste sur ses gardes, l’ombre des évadés planant sur la ville.
Cette crise aura au moins eu le mérite de mettre en lumière le problème crucial de la surpopulation carcérale et de la mixité des profils de détenus. Mélanger des délinquants de droit commun avec des militaires en attente de jugement pour désertion ou autre motif lié aux conflits armés s’est avéré être une poudrière. La mesure de transfert, si elle apaise la situation à Kalemie, impose maintenant une charge et un risque sécuritaire accru aux prisons de Kisangani et Lubumbashi, qui devront gérer l’arrivée de ces éléments instables.
La prison de Kalemie, vidée de sa centaine d’éléments les plus turbulents, entre maintenant dans une phase de normalisation. Les dégâts matériels, notamment l’administration réduite en cendres, devront être réparés. La reconstitution des dossiers brûlés s’annonce comme un travail de longue haleine, susceptible de retarder des procédures judiciaires. Cette affaire sert de rappel brutal : la sécurité des établissements pénitentiaires est un maillon essentiel, et son affaiblissement peut avoir des répercussions immédiates sur la sécurité de toute une région. Le Tanganyika retient son souffle, espérant que le calme revienne après cette tempête.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
