Une cérémonie chargée d’espoir s’est déroulée ce vendredi à Beni, dans la province troublée du Nord-Kivu. Deux cents personnes, dont des femmes vulnérables, des filles-mères et d’anciens combattants démobilisés, ont reçu des kits de réintégration socio-économique. Cet événement marque une étape concrète dans le long processus de pacification de la région, sous l’égide du projet Muda Wa Amani II.
Le nom, qui signifie « le temps de la paix » en swahili, résume l’ambition du programme. Financé par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), il appuie directement le Programme gouvernemental de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire et de stabilisation (P-DDRCS). L’objectif est clair : créer un environnement favorable à la démobilisation durable des membres des groupes armés et à leur retour au sein de la société.
La distribution de ces kits de réintégration n’est pas un acte isolé de charité. Elle couronne cinq mois de formations professionnelles intensives. Les bénéficiaires, eux-mêmes acteurs de leur avenir, ont pu choisir parmi plusieurs filières porteuses : informatique, mécanique automobile, plomberie, pâtisserie, briqueterie ou encore coupe et couture. Cette approche participative vise à renforcer l’appropriation et les chances de succès de leur nouvelle vie.
Les outils remis sont directement liés à ces métiers. Des machines à coudre pour les futurs tailleurs, des ordinateurs et imprimantes pour les informaticiens, des scies électriques et des rabots pour les menuisiers, ou encore des trousses complètes d’outils de mécanique. Ces équipements représentent bien plus qu’un capital de démarrage ; ils symbolisent une porte de sortie définitive de la violence et une opportunité tangible de reconstruction.
Mais au-delà de l’assistance matérielle, quel est le véritable enjeu ? Le projet Muda Wa Amani II Beni poursuit une double finalité. D’une part, il œuvre pour la cohésion sociale et la résolution des conflits via des dialogues communautaires inclusifs. D’autre part, il facilite la réinsertion socio-économique des ex-combattants en transformant des jeunes et des femmes en acteurs de paix économiquement autonomes. Cette initiative reconnaît que la paix ne se décrète pas, elle se construit par la confiance et des perspectives d’avenir.
La MONUSCO, à travers ce geste, réaffirme son soutien continu au gouvernement congolais et au P-DDRCS. Le message est sans équivoque : le retour durable des anciens combattants dans leurs communautés d’accueil est une priorité pour la stabilisation du Nord-Kivu. Cette action s’inscrit dans une logique de complémentarité avec les efforts sécuritaires, en s’attaquant aux racines socio-économiques de l’instabilité.
Exécuté par l’ONG suisse Heks Eper avec un financement de 1,2 million de dollars américains, le projet a été lancé en avril 2025 et doit s’achever fin février 2026. Le défi reste immense dans une région encore secouée par des violences récurrentes. La réussite de telles opérations de réinsertion d’ex-combattants dépendra de la capacité à assurer la sécurité des bénéficiaires et à pérenniser les activités génératrices de revenus qu’ils lancent.
Cette cérémonie à Beni est donc un symbole fort. Elle montre que parallèlement aux opérations militaires, des solutions civiles se mettent en place. La distribution de ces kits est un premier pas. Le prochain, et le plus difficile, consistera pour ces deux cents personnes à utiliser ces outils pour forger une paix durable, non seulement dans leur foyer mais aussi dans le tissu social de toute la région du Nord-Kivu. La communauté internationale et les autorités congolaises pourront-elles maintenir et amplifier ce soutien crucial ? L’avenir de la stabilisation dans l’Est de la RDC en dépend largement.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
