Le gouvernement de la République démocratique du Congo a adopté un projet d’ordonnance créant un Fonds de soutien et de développement des Forces armées (FSD-FARDC). Cette décision, intervenue lors du Conseil des ministres du 12 décembre, vise à doter les militaires de ressources financières stables face à l’agression rwandaise et à la rébellion du M23. Mais cette initiative suffira-t-elle à inverser la tendance sur le terrain ?
Présenté par le vice-premier ministre, ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, Guy Kabombo Mwadiamvita, ce fonds a pour objectif principal de financer la programmation militaire. Il s’agira de collecter des fonds via des “efforts de guerre” provenant du pouvoir central, des provinces, des entreprises publiques ou privées, des bailleurs et même des personnes physiques. Une mobilisation générale des ressources pour une urgence sécuritaire.
Selon le compte rendu de la réunion, le FSD-FARDC permettra de négocier des pourcentages sur les recettes de l’État liées à la défense, de suivre et collecter les fonds affectés, et de sensibiliser la population à contribuer à l’effort de guerre. “L’opérationnalisation de ce fonds permettra au gouvernement de doter les FARDC des équipements adaptés aux menaces actuelles et futures”, souligne le document.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la loi de programmation militaire pour les exercices 2022-2025. Cette loi, promulguée en 2022, est un acte d’engagement de la nation pour développer les capacités opérationnelles des FARDC. Elle fixe les crédits pluriannuels pour l’équipement et le développement des forces armées. L’ancien ministre de la Défense, Gilbert Kabanda, avait insisté sur l’urgence de doter les forces de moyens financiers et logistiques.
Pourtant, le contexte sécuritaire reste alarmant. L’Est du Congo est en proie à une offensive de la rébellion du M23, soutenue selon Kinshasa par le Rwanda. Depuis janvier, les FARDC ont subi plusieurs défaites, avec la perte de villes comme Goma, Bukavu et plus récemment Uvira. La sécurité dans l’Est Congo est plus que jamais compromise.
Face à cette crise, le gouvernement a prévu d’allouer 11 896 milliards de francs congolais, soit près de 30% du budget général, aux forces de défense et de sécurité. Une augmentation significative par rapport au budget précédent qui consacrait 13,12% à la défense, la sécurité publique et la justice. Ces crédits doivent renforcer l’équipement militaire, améliorer la logistique et assurer la prise en charge du personnel.
Mais malgré ces initiatives, les résultats sur le terrain sont mitigés. La rébellion M23 continue d’avancer, et les FARDC peinent à contenir cette agression rwandaise déguisée. La création du Fonds de soutien FARDC est-elle la solution miracle ? Ou faut-il revoir la stratégie globale de défense ?
La programmation militaire RDC est un cadre nécessaire, mais son succès dépend de la mise en œuvre efficace. Le FSD-FARDC devra prouver son utilité par une gestion transparente et une allocation rapide des ressources. Dans l’immédiat, les soldats congolais ont besoin d’équipements modernes et d’un soutien logistique robuste pour faire face au M23.
La communauté internationale suit de près ces développements. Les partenaires du Congo sont appelés à contribuer au fonds, mais aussi à exercer des pressions sur le Rwanda pour qu’il cesse son ingérence. La sécurité de l’Est Congo est un enjeu régional qui dépasse les frontières.
En conclusion, la création du Fonds de soutien et de développement des FARDC est une étape importante dans la mobilisation des ressources pour la défense. Toutefois, sans une réforme profonde de l’armée et une coordination internationale, les menaces persistantes risquent de réduire à néant ces efforts. Le temps presse pour restaurer la paix sur tout le territoire national.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
