Dans un mouvement scruté par l’ensemble de la filière minière mondiale, le géant suisse Glencore a procédé à la première exportation de cobalt RDC sous le nouveau régime de quotas instauré par Kinshasa. Cette opération pionnière, interprétée comme un test de résistance du cadre réglementaire, marque un tournant dans la volonté des autorités congolaises d’exercer un contrôle plus serré sur cette ressource critique, souvent qualifiée d’« or bleu » de la transition énergétique. Le secteur, pilier économique du pays, entre ainsi dans une ère de régulation plus contraignante, avec pour objectif affiché de maximiser les retombées nationales et de stabiliser les cours.
Le contexte justifie cette intervention étatique. La République démocratique du Congo concentre à elle seule plus de 70% de la production mondiale de cobalt, un métal indispensable à la fabrication des batteries lithium-ion équipant les véhicules électriques et les appareils électroniques. Cependant, le marché cobalt 2025 a été marqué par une volatilité extrême, avec des prix ayant touché des creux historiques sous la pression d’une offre excédentaire et de stocks importants. Cette dégringolade a sévèrement impacté les recettes publiques, poussant le gouvernement à agir pour reprendre la main sur les flux d’exportation et tenter de soutenir les cours.
Le dispositif, officiellement activé en octobre 2025, institue un plafond annuel d’exportations à partir de 2026, fixé à 96 600 tonnes. Pour le dernier trimestre 2025, un quota initial de 18 125 tonnes a été alloué. Glencore, exploitant majeur via ses actifs Mutanda et Kamoto, est le premier à se plier à ce nouveau protocole. La procédure est rigoureuse : après notification, des échantillons du lot sont prélevés et analysés par des laboratoires agréés. Le résultat détermine la teneur et la qualité, sur laquelle est calculée la fameuse redevance cobalt ARECOMS de 10%, due avant l’obtention du sésame final. L’Agence de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS) joue ici un rôle central de gendarme et de garant.
Cette première exportation cobalt RDC sous le régime des quotas cobalt Glencore a valeur de symbole, mais elle cache un processus administratif et logistique complexe. Les délais induits par les analyses en laboratoire et le règlement de la redevance créent un goulot d’étranglement temporaire, générant des tensions dans la chaîne d’approvisionnement. Les raffineurs, notamment chinois, et in fine les constructeurs automobiles, suivent avec nervosité ces développements, craignant des ruptures d’approvisionnement ou des hausses de coûts. La mesure congolaise a donc des répercussions bien au-delà de ses frontières, influant directement sur la dynamique globale du marché cobalt 2025.
Les autres opérateurs majeurs, comme la chinoise CMOC, sont désormais dans les starting-blocks pour emboîter le pas à Glencore. Cependant, l’industrie exprime unanimement des réserves. Les principales critiques portent sur le manque de prévisibilité du système, les risques de lourdeur bureaucratique et l’obligation de paiement avancé de la redevance, qui pèse sur la trésorerie des entreprises. Une question fondamentale se pose : cette régulation minière RDC va-t-elle, à terme, décourager les investissements dans un secteur qui en a cruellement besoin pour moderniser ses infrastructures et augmenter sa productivité ? Le gouvernement doit naviguer entre l’impératif de contrôle souverain et la nécessité de maintenir un climat des affaires attractif.
Économiquement, l’impact de cette politique est double. À court terme, en limitant artificiellement l’offre disponible à l’export, elle pourrait contribuer à un rebond des prix du cobalt, ce qui serait une bouffée d’oxygène pour les finances publiques congolaises. La redevance cobalt ARECOMS représente également une nouvelle ligne de revenus substantielle. À plus long terme, le risque est de voir les acheteurs se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement ou accélérer le développement de batteries moins dépendantes du cobalt, une technologie déjà en cours de maturation. La RDC joue donc un pari stratégique : monétiser au plus vite sa ressource avant un possible déclin de la demande.
En conclusion, la première exportation de Glencore sous quotas n’est pas qu’une simple formalité douanière. Elle acte l’entrée en vigueur d’une politique industrielle ambitieuse et risquée. La réussite de cette régulation minière RDC dépendra de sa capacité à s’appliquer avec équité, transparence et efficacité. Si elle parvient à créer un cercle vertueux entre contrôle national, rentabilité pour les entreprises et stabilité des cours, elle pourrait servir de modèle. Dans le cas contraire, elle pourrait fragiliser la position dominante du Congo dans la géopolitique des minerais critiques. L’équilibre est subtil, et le monde observe.
Article Ecrit par Amissi G
Source: https://www.reuters.com/world/africa/glencore-ship-first-cobalt-cargo-under-congos-new-quota-system-2025-12-09/?utm_source=chatgpt.com
