Le football congolais est secoué par une polémique financière d’une rare intensité. Constant Omari, ancien président de la FECOFA pendant près de deux décennies, brise un silence pesant pour répondre point par point aux accusations d’enrichissement personnel et de mauvaise gestion qui entachent son bilan. Dans une interview exclusive, l’ancien patron du football national livre sa version des faits, une défense qui s’apparente à un retour de service face à ses détracteurs.
L’affaire est-elle simplement une question d’incompréhension autour de la gestion financière sportive ou cache-t-elle des malversations plus profondes ? Omari, un poids lourd des instances internationales du ballon rond, commence par régler ses comptes avec l’accusation d’avoir prospéré aux dépens de la Fédération. « Le jour où je suis arrivé à la FECOFA, j’étais en voiture, pas à pied », assène-t-il, rappelant qu’il occupait déjà un poste stable et bien rémunéré à l’ONATRA. Selon lui, cette position initiale invalide toute thèse d’enrichissement soudain. Sa ligne de défense est claire : il n’a jamais vu la présidence de la FECOFA comme une source de revenus salariaux.
« Je n’ai jamais reçu de salaire à la FECOFA. Il n’y avait que des jetons de présence. Les administratifs, eux, étaient payés », précise-t-il, dressant une frontière nette entre son rôle bénévole de président et le fonctionnement rémunéré de l’administration. Cette distinction est au cœur du débat sur la gestion financière opaque qui plane sur le football congolais. Mais d’où venaient alors les revenus substantiels qu’on lui prête ? L’ancien dirigeant lève le voile sur ses finances, pointant du doigt ses responsabilités à l’échelle mondiale.
L’essentiel de sa fortune, explique-t-il, provenait de ses fonctions au sein de la FIFA, où il siégeait au comité exécutif. « Comme membre du comité exécutif de la FIFA, je gagnais 250 000 dollars par an. La FECOFA me donnait 75 000 par an, plus quelques avantages, dont 450 dollars par jour en mission », détaille-t-il. Ce revenu international, conséquent, constitue selon lui la principale explication de son train de vie, bien plus que les fonds de la fédération locale. Un argument qui cherche à désamorcer la critique sur un possible détournement des maigres ressources du football congolais.
Autre point brûlant : le versement des primes aux joueurs et aux entraîneurs des sélections nationales, un serpent de mer des compétitions africaines. Les rumeurs de primes non versées ou amputées ont souvent couru, écorchant l’image de la FECOFA. Constant Omari sort l’artillerie lourde pour balayer ces allégations. « Allez demander à Santos Muntubile. Les joueurs et les entraîneurs recevaient leurs primes et signaient. Nous aussi, on devait signer chaque fois qu’on touchait de l’argent », insiste-t-il, invoquant le témoignage d’un ancien cadre technique et l’existence de procédures formelles avec signatures. Une transparence qu’il oppose au flou des accusations.
Pourquoi, alors, ce torrent de critiques ? Omari avance une explication qui relève davantage de la psychologie des pouvoirs que de la comptabilité. Il estime que les accusations proviennent de cercles qui n’ont jamais digéré son style de direction et son ascension fulgurante dans les arcanes du football mondial. Son règne de 18 ans à la tête de la FECOFA n’a pas fait que des heureux, et les règlements de comptes postérieurs à sa présidence en seraient la manifestation ultime.
Cette affaire pose des questions fondamentales sur la gouvernance du sport en République Démocratique du Congo. La défense d’Omari met en lumière le système complexe des rémunérations dans le football, où les jetons de présence des fédérations nationales coexistent avec les salaires substantiels des instances continentales et mondiales. Elle interroge aussi sur la nécessité d’une traçabilité absolue des flux financiers, des primes versées aux sélectionnés au moindre frais de mission. La crédibilité de toute l’institution FECOFA est en jeu.
Le débat est lancé, et il dépasse la seule personne de Constant Omari. Il touche à la confiance que les supporters et les acteurs du football congolais peuvent accorder à leurs dirigeants. Les explications de l’ancien président constitueront-elles une feuille de route pour plus de transparence future, ou resteront-elles un plaidoyer isolé dans un océan de suspicions ? L’avenir de la gestion financière sportive en RDC se joue peut-être dans la capacité à tirer les leçons de cette controverse. Une chose est sûre : l’appel à la clarté lancé par Omari résonne comme un avertissement pour tous les futurs gestionnaires du ballon rond en Afrique.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: footrdc.com
