Une mission de trois jours a conduit le ministre d’État à la Justice et garde des sceaux, Guillaume Ngefa Atondoko, dans la province du Kasaï-Central, où il a entamé, depuis mardi 02 décembre 2025, une série de travaux destinés à s’enquérir des conditions réelles d’administration de la justice. Cette visite, présentée comme une priorité de sa gouvernance, s’inscrit dans une logique de proximité avec les acteurs judiciaires de l’intérieur du pays et les populations.
« Cela fait partie de mes priorités d’être un ministre de proximité. Je suis venu rencontrer les autorités provinciales, échanger sur les conditions d’administration de la justice, rencontrer magistrats et juges, et visiter les lieux de détention », a déclaré Guillaume Ngefa à son arrivée à Kananga, définissant ainsi le cadre rigoureux de sa visite. Cette démarche, axée sur l’observation et le dialogue, vise à identifier les goulots d’étranglement qui entravent le bon fonctionnement de la chaîne pénale dans la région.
La première étape opérationnelle de cette immersion a conduit le ministre sur le chantier de la ferme pénitentiaire de Kanyuka, située à une quinzaine de kilomètres de la capitale provinciale. Ce projet gouvernemental, bénéficiant de l’appui technique et financier du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), est conçu comme un pilier de la réinsertion sociale. Il propose en effet aux détenus des formations professionnelles dans le secteur agricole, une initiative visant à lutter contre la récidive et à préparer une réintégration réussie post-incarcération. La visite de ce site par le chef de la justice souligne l’importance accordée aux alternatives à la détention purement punitive et interroge sur la capacité du système à généraliser de telles approches réformatrices.
Le deuxième jour de sa mission, mercredi, l’agenda de Guillaume Ngefa Atondoko l’a mené vers le territoire de Demba, où une cérémonie de dédicace était organisée pour le nouveau tribunal de paix. L’inauguration de cette infrastructure judiciaire revêt une symbolique forte dans une province où l’accès à la justice reste un défi pour de nombreux justiciables. La construction et la mise en service de ce tribunal sont perçues comme une réponse concrète aux attentes des populations locales, souvent contraintes à de longs déplacements pour faire valoir leurs droits. Cette action s’inscrit-elle dans une dynamique plus large de déconcentration et de renforcement des juridictions de base à travers le pays ? La présence du ministre d’État à cette cérémonie semble en tout cas confirmer la volonté politique d’ancrer l’institution judiciaire au plus près des citoyens.
Au-delà des inaugurations, le cœur de cette mission réside dans l’évaluation minutieuse des conditions de détention. La visite des cachots et des prisons constitue un volet sensible et incontournable, le ministre ayant à plusieurs reprises insisté sur le respect des droits fondamentaux des personnes privées de liberté. Les conclusions de son inspection pourraient conduire à des recommandations spécifiques pour la province du Kasaï-Central, notamment en matière d’amélioration de l’hygiène, de la nutrition et de l’accès aux soins pour les détenus. Les échanges directs avec les magistrats et les juges du ressort permettront également de dresser un état des lieux des moyens matériels et logistiques alloués à la justice, un paramètre décisif pour la célérité et la qualité des procédures.
La justice au Kasaï-Central, comme dans d’autres provinces éloignées de la capitale, fait face à des défis structurels persistants. La mission du ministre Guillaume Ngefa, concentrée sur Kananga et Demba, cherche donc à recueillir des données de terrain pour adapter les politiques publiques. Les rencontres avec les autorités provinciales doivent servir à harmoniser les actions entre l’administration centrale et les entités décentralisées, dans le but d’une coordination plus efficace. Le bilan de ces trois jours d’immersion, attendu avec attention par les professionnels du droit et la société civile, devrait être partagé à l’issue de la visite, dessinant ainsi les perspectives d’amélioration pour l’appareil judiciaire local.
Cette descente sur le terrain du garde des sceaux marque une étape dans la mise en œuvre de sa feuille de route, qui place la réforme et l’humanisation du système judiciaire congolais au premier plan. Les prochains jours diront si les observations recueillies à Kananga et à Demba se traduiront par des mesures concrètes et des arbitrages budgétaires en faveur des tribunaux et des prisons de la région. L’enjeu est de taille : consolider la crédibilité de l’État de droit en garantissant une justice accessible, équitable et respectueuse de la dignité humaine, des prétoires jusqu’aux cellules de détention.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
