Une lueur d’espoir se lève sur les élevages de l’Ituri. Ce mardi 2 décembre a marqué le coup d’envoi d’une campagne de vaccination cruciale contre la peste des petits ruminants, une maladie dévastatrice pour les chèvres et les moutons. Grâce à une mobilisation conjointe des autorités provinciales et de partenaires comme l’ONG internationale TROCAIRE, plus de 40 000 doses de vaccins sont désormais disponibles pour juguler cette épizootie. Cette opération est une réponse urgente à une épidémie qui a déjà fauché plusieurs centaines d’animaux au cours des quatre dernières années, menaçant directement les moyens de subsistance de milliers de familles.
Mais qu’est-ce que la peste des petits ruminants, souvent surnommée la “peste caprine” ? Il s’agit d’une maladie virale extrêmement contagieuse, comparable à une grippe foudroyante pour les petits ruminants. Elle se manifeste par une forte fièvre, des écoulements nasaux et oculaires, des lésions dans la bouche, des diarrhées sévères et des pneumonies. Sans intervention, le taux de mortalité peut avoisiner les 90% dans un troupeau non immunisé, transformant une source de revenus en catastrophe économique en quelques jours seulement.
En Ituri, où l’élevage de chèvres et de moutons est un pilier de l’économie rurale et de la sécurité alimentaire, l’impact de cette maladie est dévastateur. Les territoires de Mahagi, Aru et Irumu, zones d’élevage intensif, sont les plus touchés avec à ce jour plus de 450 bêtes décédées. Face à ces pertes répétées, de nombreux éleveurs ont été contraints de se tourner vers l’importation d’animaux depuis l’Ouganda voisin, une solution onéreuse et temporaire qui ne fait que repousser le problème. Comment sortir de cette spirale infernale qui appauvrit les éleveurs et fragilise l’approvisionnement local ?
La réponse, claire et scientifiquement prouvée, est la vaccination de masse. La campagne lancée cible précisément ces zones sinistrées. L’obtention de ces vaccins est le fruit de plusieurs plaidoyers, comme l’explique la Division provinciale de l’Agriculture et de l’Élevage. Fiston Kabaseke, son responsable, salue particulièrement l’appui décisif de TROCAIRE, qui a contribué à hauteur de 10 000 doses supplémentaires. « Cette assistance permettra de stabiliser la situation, relancer l’élevage en Ituri et préserver la sécurité alimentaire ainsi que l’économie locale », affirme-t-il avec un optimisme mesuré.
Pourquoi une campagne de vaccination en Ituri est-elle si vitale ? Imaginez un virus se déplaçant plus vite que les nouvelles, décimant le capital économique de familles entières en silence. Les petits ruminants sont bien souvent le compte en banque sur pattes des ménages ruraux. Leur disparition plonge les foyers dans une précarité alimentaire et financière immédiate. Vacciner, c’est donc bien plus que protéger un animal ; c’est sécuriser un revenu, garantir un repas, et investir dans la stabilité des communautés. Cette campagne est un rempart essentiel pour la résilience de toute une province.
Les perspectives, si la campagne est menée à bien, sont encourageantes. Une couverture vaccinale élevée permet de briser la chaîne de transmission du virus et de créer une immunité collective au sein du cheptel. À moyen terme, l’objectif est de réduire drastiquement le nombre de foyers infectieux et les pertes associées. Pour les éleveurs congolais de l’Ituri, cela signifie retrouver une certaine sérénité, pouvoir développer leur troupeau sans la crainte permanente d’une épizootie, et ainsi améliorer leur productivité et leurs revenus. Pour la région, c’est la garantie d’une filière élevage plus robuste et durable.
Cette initiative s’inscrit également dans une stratégie plus large de contrôle et, à terme, d’éradication de la peste des petits ruminants, conformément aux engagements internationaux. La réussite de cette campagne vaccination Ituri servira de modèle et renforcera les capacités de réponse vétérinaire dans toute la République Démocratique du Congo. Elle démontre qu’avec des moyens adaptés et une collaboration efficace entre autorités publiques et partenaires techniques, il est possible de protéger un secteur clef de l’économie nationale.
En conclusion, le succès de cette opération dépendra de l’adhésion de tous les éleveurs des zones ciblées. Il est impératif que chacun participe à cet effort collectif de protection. La lutte contre la peste des petits ruminants en Ituri n’est pas seulement une question de santé animale ; c’est un investissement direct dans la sécurité alimentaire, la paix sociale et le développement économique de la province. En sauvant les chèvres et les moutons, c’est tout un pan de l’avenir de l’Ituri que l’on préserve.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
